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Washington révoque le visa du président colombien, accusé d'actions "incendiaires"
Les États-Unis vont révoquer le visa du président colombien Gustavo Petro, a annoncé vendredi le département d'État, accusant le chef d'État colombien d'"actions téméraires et incendiaires" lors d'une manifestation pro-palestinienne à New York. Gustavo Petro se trouvait à New York pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies.
Le président colombien Gustavo Petro à la tribune des Nations unies à New York, le 23 septembre 2025. © Leonardo Munoz, AFP, Archives

Les États-Unis vont révoquer le visa du président colombien Gustavo Petro, a annoncé le département d'État vendredi 26 septembre, l'accusant d'"actions téméraires et incendiaires" lors d'une manifestation pro-palestinienne à New York.

"Plus tôt dans la journée, le président colombien @petrogustavo s'est tenu dans une rue de New York et a exhorté les soldats américains à désobéir aux ordres et à inciter à la violence. Nous allons révoquer le visa de Petro en raison de ses actions téméraires et incendiaires", a écrit le département d'État sur X.

Washington révoque le visa du président colombien, accusé d'actions "incendiaires"
Message posté sur le compte X du département d'État américain. © Capture d'écran du réseau social X

Gustavo Petro, qui se trouvait à New York pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies, a participé vendredi à une manifestation pro-palestinienne dans la ville aux côtés du musicien britannique Roger Waters.

Des vidéos diffusées par les médias ont montré le président colombien de gauche appeler, par haut-parleur, à la création d'une "armée de sauvetage du monde qui aura pour première tâche de libérer la Palestine".

"Les nations du monde apporteront alors des hommes et des femmes entraînés et armés pour former cette grande armée. Elle doit être plus grande que celle des États-Unis", a poursuivi Gustavo Petro, dont le pays a rompu avec Israël en 2024 pour protester contre la guerre dans la bande de Gaza. "Ici, à New York, je demande à tous les soldats de l'armée des États-Unis de ne pas viser l'humanité avec leurs fusils. Désobéissez à l'ordre de Trump ! Obéissez à l'ordre de l'humanité !", s'est-il exclamé.

"Passer à une autre phase de la lutte"

Il a estimé que le nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU, la semaine dernière, contre un texte réclamant un cessez-le-feu et l'accès humanitaire à Gaza, signifiait que "la diplomatie est terminée". "L'histoire de l'humanité nous a montré pendant des millénaires que, si la diplomatie s'épuise, nous devons passer à une autre phase de la lutte", a encore dit Gustavo Petro.

Selon la présidence colombienne, Gustavo Petro a quitté les États-Unis et se trouvait vendredi soir à bord d'un avion pour Bogota. Le président colombien a fait remarquer qu'il possédait aussi la nationalité italienne, ce qui en principe le dispense de visa pour entrer aux États-Unis.

Le ministre colombien de l'Intérieur du pays sud-américain, Armando Benedetti, a écrit vendredi soir sur X que c'était le visa du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui aurait dû être révoqué, et non celui de Gustavo Petro. "Mais comme l'empire le protège, il s'en prend au seul président qui ait été assez capable de lui dire la vérité en face", a-t-il affirmé.

Les relations entre la Colombie et les États-Unis se sont nettement dégradées depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier.

Mardi, Gustavo Petro avait demandé à la tribune des Nations unies qu'une "procédure pénale" soit lancée contre son homologue américain après les frappes militaires meurtrières ayant détruit, dans les Caraïbes, des bateaux transportant, selon Washington, de la drogue.

Même si le siège de l'ONU à New York bénéficie de l'extraterritorialité, les chefs d'État et de gouvernement doivent transiter par le territoire des États-Unis pour se rendre à l'Assemblée générale annuelle de l'organisation, et doivent donc voyager avec un visa américain.

Dans le passé, les États-Unis ont accordé des visas pour se rendre à l'ONU à de nombreux chefs d'État qui leur étaient hostiles, comme les dirigeants cubain Fidel Castro et libyen Mouammar Kadhafi, ou encore les présidents vénézuéliens Hugo Chavez et Nicolas Maduro. Cette année, Washington a autorisé la présence du président iranien Massoud Pezeshkian, mais a refusé un visa au président palestinien Mahmoud Abbas, qui a dû s'exprimer par visioconférence.

Avec AFP