Moscou se dit "très en colère" vendredi après l'arrestation par la Géorgie de 13 suspects, dont 4 Russes, accusés d'espionnage. L'interpellation ravive les tensions permanentes entre les deux pays depuis le conflit armé qui les a opposés en 2008.
AFP - La Géorgie a annoncé vendredi avoir démantelé un important réseau d'espionnage russe et arrêté 13 suspects, parmi lesquels quatre ressortissants russes, suscitant la "colère" de Moscou.
Les suspects, parmi lesquels figurent également des responsables militaires géorgiens, ont transmis des informations secrètes concernant l'armée géorgienne aux services de renseignement militaires russes (GRU), a précisé Chota Outiachvili, porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur.
"C'est important pour le renforcement du renseignement militaire en Géorgie et il s'agit d'un gros revers pour le GRU", a déclaré à l'AFP M. Outiachvili, assurant que les services de sécurité géorgiens avaient réussi à infiltrer le réseau d'espions.
Moscou, qui entretient des relations exécrables avec Tbilissi a très vivement réagi. "Nous sommes très en colère après l'annonce des arrestations de citoyens russes en Géorgie et nous sommes en train d'examiner la situation", a déclaré un responsable du ministère russe des affaires étrangères, dont l'identité n'a pas été précisée, cité par l'agence Interfax,
"C'est une provocation marquant une nouvelle aggravation de la psychose anti-russe du gouvernement géorgien", a ajouté cette source.
Moscou et Tbilissi ont été opposés dans un bref conflit armé en août 2008, lorsque l'armée russe avait envahi en partie la Géorgie pour repousser les forces géorgiennes qui tentaient de reprendre le contrôle de la république séparatiste d'Ossétie du Sud.
Les tensions entre les deux pays sont permanentes depuis des années, la Russie soutenant l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, deux régions sécessionnistes de Géorgie. Après le conflit de 2008 Moscou a reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, où se trouvent toujours des troupes russes, une décision dénoncée par Tbilissi et par les pays occidentaux.
Des médias russes et occidentaux avaient fait état la semaine dernière de ces arrestations, mais les autorités n'ont pas voulu commenter ces informations avant vendredi, jour où la Russie célèbre ses services de renseignement.
Selon M. Outiachvili, le réseau d'espionnage était centré sur la république autonome d'Adjarie, une ex-région rebelle soutenue par Moscou dans le sud-ouest de la Géorgie, voisine de la Turquie, dont Tbilissi a repris le contrôle en 2004.
Les suspects géorgiens, parmi lesquels figurent des militaires, des pilotes d'hélicoptères et des hommes d'affaires, ont transmis des informations sur des "ordres militaires, l'état de préparation et les lieux de déploiement" à des agents du GRU, y compris pendant la guerre de l'été 2008, selon la même source.
"Ces officiers géorgiens passaient des secrets militaires à des citoyens russes, qui étaient en liaison avec le GRU", a affirmé le porte-parole.
Un groupe d'agents géorgiens a réussi à infiltrer ce réseau et à obtenir "tous les codes de sécurité et les noms des personnes impliquées dans l'opération", a-t-il précisé.
Les services géorgiens ont obtenu les codes de "cryptage, décryptage et de sécurité" utilisés régulièrement par le GRU, a-t-il dit.
Le ministère géorgien de l'Intérieur devait donner plus de détails vendredi lors d'une conférence de presse.
En 2006, la Géorgie avait arrêté quatre militaires russes en les accusant d'espionnage, avant de les renvoyer en Russie.