
Laurent Nkunda a été interpellé jeudi soir au Rwanda par l'armée de Kigali. L'ancien général congolais était à la tête d'une rébellion tutsi qui affrontait depuis 2004 les autorités de Kinshasa.
Laurent Nkunda a été arrêté, jeudi soir, au Rwanda, selon un responsable de l'armée rwandaise. Le chef tutsi de la rébellion congolaise, qui avait fui sur le territoire rwandais, n’a opposé "qu’une brève résistance" aux forces rwandaises et congolaises, selon le correspondant de FRANCE 24 en République démocratique du Congo (RDC), Arnaud Zajtman, qui précise que "Nkunda serait toujours aux mains de son ancien allié, le Rwanda, qui ne l’aurait pas encore livré aux autorités congolaises". Le gouvernement de Kinshasa a pourtant réclamé son extradition.
Amani Bahati, le porte-parole de Laurent Nkunda en France, assure de son côté que le général a entamé des "pourparlers avec l’armée rwandaise" et qu’"il n’y a pas eu d’arrestation spectaculaire comme on essaye de le faire croire". Il accuse Kigali de faire de la "realpolitik" en faveur de son nouvel allié congolais.
Laurent Nkunda était à la tête d'une rébellion dans l'est de la RDC depuis 2004. Son mouvement, le Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), longtemps soutenu par Kigali, affrontait régulièrement les forces gouvernementales congolaises, qu’il accusait de connivence avec les rebelles hutus rwandais. En octobre 2008, il avait proclamé le CNDP mouvement de libération nationale et appelé à renverser le président Joseph Kabila.
Son arrestation intervient dans le cadre d’une mission menée conjointement par Kigali et Kinshasa contre les rebelles hutus rwandais retranchés depuis 1994 dans l’est de la RDC. Les forces rwandaises et congolaises sont arrivées, jeudi soir, aux abords de la localité congolaise de Bunagana, ancien fief de Nkunda, dans la province du Nord-Kivu.
Une alliance de raison
Le général rebelle se trouvait considérablement affaibli depuis la défection des principaux commandants du CNDP, emmenés par le général Bosco Ntaganda, qui avaient rallié, le 16 janvier dernier, la coalition des armées rwandaise et congolaise.
‘‘Il représentait un problème, une épine dans le pied des Rwandais qui ne savaient pas exactement ce qu’ils devaient faire de lui”, analyse sur l’antenne de FRANCE 24 Susan Linnee, une spécialiste de la RDC. Mais selon elle, Kigali, qui l’a longtemps soutenu, "se retrouve désormais en position de force et peut demander aux Congolais de s’occuper des autres rebelles du Nord-Kivu".
Le soudain rapprochement entre la RDC et le Rwanda constitue une alliance de raison, selon le spécialiste de politique internationale à FRANCE 24, Gauthier Rybinski, pour qui "la RDC et le Rwanda se sont alliés contre les rebelles hutus et tutsis du Kivu, car ils refusent l’émancipation de ces groupes qu’ils finançaient autrefois et parce qu’ils veulent se partager les multiples richesses de cette région du Congo".
Le gouvernement de la RDC se satisfait de l'arrestation de Laurent Nkunda. Interrogé par l'AFP sur le souhait de Kinshasa de voir le rebelle tutsi extradé pour le juger, le ministre de la Communication, et porte-parole du gouvernement a répondu : "Cela relève des autorités rwandaises, mais nous souhaitons qu'il en soit ainsi".