Un incident de moteur a contraint jeudi un Airbus A380 de Qantas à se poser d'urgence à Singapour. Une avarie inédite pour le plus gros avion de ligne du monde, dont tous les appareils sont dorénavant immobilisés par la compagnie australienne.
AFP - Un Airbus A380 de la compagnie aérienne australienne Qantas a effectué jeudi un atterrissage d'urgence à Singapour après avoir connu des problèmes de moteur, le premier incident de cette gravité pour le plus gros avion de ligne du monde.
Qantas, l'une des cinq compagnies à faire voler des A380, a immédiatement annoncé l'immobilisation au sol des six exemplaires qu'elle possède. Mais cette décision n'a pas été suivie par les autres compagnies après cet incident qualifié de "significatif" par Airbus.
Aucun des 440 passagers et des 26 membres d'équipage n'a été blessé après l'atterrissage en douceur du vol QF32 sur l'aéroport Changi de Singapour, selon les autorités singapouriennes.
L'Airbus a connu des problèmes six minutes après avoir décollé de Singapour en direction de Sydney, alors qu'il survolait l'île de Batam, située en Indonésie mais très proche de la ville-Etat.
Un passager, Ulf Waschbusch, de nationalité allemande, a raconté à l'AFP avoir "entendu un bruit d'explosion". "J'ai regardé par le hublot et j'ai vu un peu de flammes" sur l'aile gauche.
L'avion a ensuite "volé en faisant des cercles pendant près de deux heures pour évacuer le fuel. A bord, tout le monde était étrangement calme. Personne ne s'est affolé", a-t-il ajouté. "L'équipage nous a beaucoup aidés. Je me suis senti entre de bonnes mains".
Présent à l'aéroport de Singapour, un journaliste de l'AFP a aperçu "de la fumée s'échappant" du quadriréacteur peu après son atterrissage. "L'un des moteurs sous l'aile gauche semble avoir explosé" et avoir disparu, a-t-il précisé.
Selon les premiers éléments, il s'agirait d'une avarie sur la partie arrière d'un des quatre moteurs. Il "a perdu son +capotage+ arrière", ce qui "a entraîné des dommages sérieux", a indiqué le bureau français d'enquêtes et d'analyses (BEA), qui va collaborer à l'enquête technique.
Des morceaux de métal, portant les couleurs de Qantas, ont "été éparpillés dans Batam, essentiellement dans des zones résidentielles", une île toute proche de Singapour, a indiqué un responsable policier, Bobby Baharudin.
La chute de ces débris n'a pas fait de blessé, selon lui.
Airbus a expliqué que les avions étaient "certifiés avec plusieurs moteurs, en l'occurence quatre pour l'A380", ce qui leur permettait de faire face à "ce genre de situation difficile". "Nous ne minimisons pas l'incident mais c'est prévu par les procédures de certification", a-t-on ajouté.
Par mesure de précaution, Qantas a toufefois annoncé qu'elle immobilisait ses six A380 "jusqu'à ce que nous ayons obtenu suffisamment d'informations concernant le vol QF32", selon son directeur général, Alan Joyce.
Ses appareils sont équipés de moteurs Trent 900 du constructeur britannique Rolls-Royce, qui a annoncé son intention de "collaborer avec Qantas pour identifier le problème".
Les autres compagnies possédant des A380 -Emirates, Singapore Airlines, Lufthansa et Air France- vont en revanche continuer à faire voler normalement leurs très gros porteurs.
Les A380 d'Air France n'ont "pas du tout les mêmes moteurs" que ceux de Qantas puisqu'ils sont fabriqués par Engine Alliance, société regroupant Pratt & Whitney, General Electric et Safran, a indiqué un porte-parole.
L'A380 est en service depuis 2007. Trente-huit exemplaires sont actuellement en exploitation et ils ont transporté plus de 6,5 millions de passagers à ce jour, selon Airbus.
Depuis son lancement, le "paquebot des airs" a connu des incidents techniques, mais aucun de la gravité du vol Qantas. En septembre 2009, un avion de Singapore Airlines assurant la liaison Paris-Singapour avait dû rebrousser chemin en raison d'une panne moteur.