Sous la direction de Lula da Silva, le Brésil a connu une forte croissance et une baisse de la pauvreté et du chômage. Si Dilma Rousseff hérite d'une situation économique "miraculeuse", elle devra pour autant faire face à de nombreux défis.
Le double mandat présidentiel de "Lula" a été marqué par ce qu'il convient d'appeler "un miracle économique" : réussir à sortir 10% de la population de la pauvreté tout en rassurant les marchés et en attirant les investisseurs étrangers. Dilma Rousseff, qui doit lui succéder, sera probablement jugée à l’aune de la santé économique du pays durant sa présidence. Elle hérite d’une situation enviable portée par une croissance estimée à 7,6% cette année et un taux de chômage en zone urbaine de seulement 6,7%. La classe moyenne compte désormais 193 millions de Brésiliens prêts à consommer et donc à soutenir l’activité économique. Toutefois, ce miracle économique cache d'autres difficultés et plusieurs défis attendent donc la nouvelle femme forte du Brésil.
Le déficit budgétaire. "Le peuple brésilien n'accepte pas qu'un État dépense plus que de raison", a scandé Dilma Rousseff durant sa campagne. Elle sait que l’état des finances publiques sera probablement son plus important casse-tête économique. En septembre, le déficit budgétaire était de 2,36%, l’un des plus élevés parmi les pays en voie de développement. Surtout il n’était jamais descendu en dessous des 3% depuis un an, bien loin des 1,23% d’octobre 2008. L’État brésilien a été dépensier, notamment pour soutenir les nombreuses réformes entreprises par "Lula". La communauté internationale, FMI en tête, attend de Dilma Rousseff qu'elle redresse la barre. Mais elle ne peut pas se permettre non plus d’endosser le costume de "femme rigueur" au risque de déplaire à la population.
Maîtriser l’investissement étranger. Le Brésil a l'un des taux d’intérêt directeur les plus élevés parmi les puissances émergentes de l’économie mondiale. Une banque ou un fond d'investissement qui injecte de l'argent dans l'économie brésilienne (via, par exemple l'achat de bons du Trésor) peut espérer un rendement de 10,78% ! Difficile de résister. L’argent arrive donc à flots. Trente milliards de dollars ont ainsi été investis en 2010 et les autorités comptent sur 45 milliards de dollars d’investissements directs en 2011. Une bonne chose pour les affaires mais qui fait courir un risque inflationniste au pays. Plus l’argent circule, plus les prix ont tendance à augmenter, ce qui peut freiner la consommation intérieure.
Soutenir les exportations. Le Real, la monnaie brésilienne, explose actuellement face au dollar. Depuis le mois de juin, il a gagné 6%. Conséquence : les entreprises brésiliennes sont moins compétitives et les exportations risquent d’en pâtir. D'autant que les importations, elles, ont progressé et que l’excédent commercial a baissé de 46% par rapport à la même période l’an passé. Toute la polémique autour d’une "guerre des monnaies" empêche le Brésil d’intervenir trop fortement sur son marché des changes. Dilma Rousseff doit donc trouver d’autres leviers pour inverser la tendance. Elle pourrait, par exemple, accorder des réductions d’impôts aux exportateurs brésiliens. Mais cette aide directe risque de déplaire aux partenaires commerciaux du Brésil.