Le public de Cannes a accueilli favorablement et avec indulgence le réalisateur israélien Ari Folman, qui a présenté "Valse avec Bachir", le tout premier documentaire d’animation.
Quelles que soient les diverses réactions que suscitent Ari Folman, en lice pour la première fois pour la Palme d’Or, son œuvre fait date dans l’histoire du film. Le "documentaire d’animation" est né.
Mais un paradoxe s'impose. Comment un documentaire, dont l’essence est la réalité cinématographique, peut fusionner avec l’animation, un genre basé sur l’imaginaire ? Ari Folman unit les deux genres d’une façon unique. Des personnages réels, des expériences réelles, des souvenirs réels. Le tout illustré par des personnages d’animation.
Le réalisateur israélien raconte sa quête pour faire resurgir des souvenirs oubliés de la Guerre du Liban des années 1980. Ainsi, il crée non seulement un genre indéfinissable, mais présente aussi une facette de l’armée israélienne rarement vue sur le petit écran. De jeunes Israéliens impulsifs tuent l’ennemi comme dans un jeu vidéo, ne réussissant guère dans leur mission.
Ari Folman soulève le problème existentiel de la mémoire. Est-ce que l’esprit altère le passé ? Est-ce qu’on se souvient de tout ou seulement de ce dont on veut se souvenir ? Ces questions auxquelles il ne répond pas laissent le spectateur largement contemplatif, particulièrement sur les dernières images qui laissent place à une pellicule brute de la guerre.
Certes, l’effort majestueux de Folman ne remportera pas la Palme d’Or - le prix n’est généralement pas attribué aux réalisateurs en compétition pour la première fois. Mais ce serait étonnant qu’il reparte les mains vides. Le prix du jury lui irait bien…