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La juge Prévost-Desprez, en charge du dossier Banier, désavouée

Soupçonnée de viol du secret de l'instruction, la juge Prévost-Desprez a été désavouée hier par le procureur général de Versailles qui a demandé le dépaysement de la procédure d'"abus de faiblesse" dont elle était chargée dans l'affaire Bettencourt.

AFP - Le procureur général de Versailles a désavoué vendredi la juge de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, soupçonnée de violation du secret de l'instruction, en demandant l'ouverture d'une information judiciaire et le dépaysement d'une partie du dossier Bettencourt.

Coup de théâtre dans la tentaculaire affaire Bettencourt, le procureur général de Versailles, Philippe Ingall-Montagnier, a demandé vendredi soir à la Cour de cassation le dépaysement de la procédure pour "abus de faiblesse" sur la milliardaire Liliane Bettencourt et visant l'artiste François-Marie Banier. Ce dossier était confié à la juge Prévost-Desprez.

"Pour assurer les conditions d'une justice sereine, il va être sollicité de la Cour de cassation de se prononcer (...) sur le renvoi de (la procédure, ndlr) suivie contre François-Marie Banier, vers une juridiction d'une autre cour d'appel", a déclaré Phillipe Ingall-Montagnier dans un communiqué transmis à l'AFP.

Le tribunal de Nanterre est du ressort de la cour d'appel de Versailles.

De plus, M. Ingall-Montagnier a confié au parquet de Versailles l'ouverture d'une information judiciaire pour "violation du secret de l'instruction", dans le cadre du supplément d'information pour "abus de faiblesse" de M. Banier sur Mme Bettencourt ordonné en juillet par la juge Prévost-Desprez.

Celle-ci est en conflit ouvert avec le procureur de Nanterre, Philippe Courroye.

Plus tôt vendredi, M. Courroye avait annoncé à l'AFP avoir ordonné une enquête préliminaire à la suite d'une plainte déposée le 1er septembre par l'avocat de Mme Bettencourt, Me Georges Kiejman, pour "violation du secret de l'enquête".

Les enquêteurs devaient trouver la source à l'origine de la fuite dans un article du Monde, publié le 1er septembre, faisant état d'une perquisition menée par Mme Prévost-Desprez au domicile de la milliardaire à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

L'examen des relevés téléphoniques par l'Inspection générale des services (IGS), les "fadettes" (factures détaillées), des deux auteurs de l'article du Monde, ont révélé des échanges très nombreux par SMS entre Isabelle Prévost-Desprez et l'un des journalistes le 31 août et le 1er septembre.

Toutefois, le contenu de ses SMS n'était pas connu à ce stade.

Le procureur Courroye avait transmis le 11 octobre le compte-rendu de ces constatations au parquet général de Versailles, à qui il appartenait de saisir ou non une autre juridiction.

Le procureur général de Versailles n'a pas attendu d'avoir la preuve d'une éventuelle violation du secret de l'enquête par la juge Prévost-Desprez pour se forger son opinion.

"Il appartiendra à la Cour de cassation de se prononcer", sur le renvoi de l'enquête préliminaire diligentée par M. Courroye pour violation du secret de l'enquête au parquet de Versailles et le dépaysement de la procédure contre François-Marie Banier, vers une juridiction d'une autre cour d'appel, a estimé M. Ingall-Montagnier.

Le procureur général de Versailles renvoie donc la responsabilité de ses décisions à la Cour de Cassation, compliquant ainsi un peu plus le dossier Bettencourt.

Isabelle Prévost-Desprez s'était saisie d'un supplément d'information sur l'abus de faiblesse après avoir renvoyé le procès de M. Banier sine die le 1er juillet à la suite de la publication de conversations téléphoniques clandestines au domicile de l'héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal.

A ce jour, elle n'est pas encore dessaisie du volet de l'affaire visant François-Marie Banier.