À l'approche des élections de mi-mandat, France24.com s’est entretenu avec Larry Sabato, analyste politique connu pour avoir prévu, souvent avec raison, l’issue des scrutins américains. Ses pronostics ne sont pas optimistes pour le camp Obama.
Le 2 novembre, les électeurs américains se rendront aux urnes pour le scrutin très attendu de mi-mandat. Une économie encore chancelante et la cote de popularité d’Obama stagnant juste sous les 50 % laissent prévoir une large victoire républicaine. Larry Sabato, auteur, commentateur politique et directeur du Centre politique de l’université de Virginia, est renommé pour ses pronostics précis sur l’issue des élections américaines.
France 24 : Quels sont vos pronostics pour les prochaines élections de mi-mandat ?
Larry Sabato : Cela est clair depuis un certain temps : 2010 sera une année républicaine. Le parti semble prêt à prendre le contrôle de la Chambre des représentants, même si les démocrates se montrent plus optimistes depuis quelques semaines. Les républicains vont aussi remporter un nombre significatif d’États et de sièges au Sénat. Qu’ils deviennent majoritaires au Sénat semble peu probable pour le moment, mais ils en sont proches, et les démocrates ne devraient pas sous-estimer ce scénario. Actuellement, les démocrates ont des gouverneurs dans 26 États, deux de plus que les républicains. Mais la tendance va s’inverser après les élections de novembre.
F24 : Qu’est ce qui, d’ici novembre, pourrait changer la donne ?
Larry Sabato : La seule chose qui pourrait sauver les démocrates d’un échec à grande échelle et endiguer la résurgence républicaine est un monumental mois d'"octobre surprise", qui prendrait la forme d’un énorme rebond économique ou une grosse crise nationale. Quoi qu’il en soit, les démocrates et Obama vont devoir travailler dur jusqu’au jour de l’élection. Mais aujourd’hui, face à la déferlante républicaine, ils ne peuvent que limiter la casse.
F24 : Quel impact les élections de mi-mandat peuvent avoir sur la fin du mandat d’Obama et sur les élections de 2012 ?
Larry Sabato : L’encre a séché sur le bilan de la première moitié du mandat d’Obama. Avec une majorité républicaine, ou avec une très courte majorité démocrate, il ne pourra pas accomplir grand-chose d’autre avant 2012. Il le savait, c’est d’ailleurs pour ça que son équipe a travaillé si dur pour faire passer toutes les victoires qu’il a remportées jusqu’à présent, de la réforme du système de santé à la réforme financière. La bonne nouvelle, pour les démocrates, c’est qu’un échec massif en 2010 ne signifie pas forcément un échec en 2012. L’histoire a montré que des élections de mi-mandat désastreuses pour un président ne le condamnaient pas à perdre l’élection présidentielle suivante. Après deux ans à la Maison Blanche, Ronald Reagan et Bill Clinton ont tous les deux perdu des dizaines de sièges à la Chambre des représentants, et ont été réélus deux ans plus tard. Inversement, George Bush était relativement bien passé à travers les élections de mi-mandat, mais il a perdu la présidentielle de 1992 face à Bill Clinton.