Deux bombes ont explosé à l'entrée d'un mausolée soufi très fréquenté de Karachi, dans le sud du Pakistan. Au moins sept personnes ont péri. Le double attentat a été perpétré à une heure où l'affluence est élevée dans le lieu saint.
AFP - Au moins sept personnes ont été tuées jeudi dans l'explosion de deux bombes à l'entrée d'un mausolée soufi très fréquenté à Karachi, dans le sud du Pakistan, pays en proie depuis plus de trois ans à une vague très meurtrière d'attentats perpétrés par les talibans alliés à Al-Qaïda.
Le double attentat a été perpétré en début de soirée, au moment où, comme souvent dans tout le pays, de nombreux Pakistanais se pressent dans les mausolées de saints de l'islam ou à leurs abords, lieux de vie nocturne très appréciés des familles.
"Au moins sept personnes ont été tuées, dont une femme", a déclaré aux journalistes sur les lieux du drame Zulfikar Mirza, ministre de l'Intérieur de la province du Sind, dont Karachi est la capitale.
"Deux bombes ont explosé à l'entrée du mausolée d'Abdullah Shah Ghazi", un lieu extrêmement fréquenté d'un quartier huppé en bord de mer, a précisé par téléphone à l'AFP Azhar Ali, un officier de la police de Karachi, capitale économique du Pakistan et première ville du pays avec plus de 15 millions d'habitants.
Il n'était pas possible dans l'immédiat de dire s'il s'agissait d'attentats suicide ou de bombes dissimulées à l'entrée du mausolée de ce saint soufi, une obédience de l'islam dont les fidèles ont été visés à plusieurs reprises ces derniers temps par des attaques similaires.
Les télévisions montraient des dizaines d'ambulances quittant les lieux précipitamment après que des parents y eurent déposés sur des civières leurs enfants blessés ou des proches choqués.
Plus de 3.700 personnes ont péri dans tout le Pakistan en un peu plus de trois ans dans plus de 400 attentats --suicide pour la plupart--, perpétrés essentiellement par les talibans pakistanais qui ont fait allégeance à Al-Qaïda et décrété le jihad à Islamabad pour son soutien à la "guerre contre le terrorisme" de Washington.
Leurs bastions, dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec le Pakistan et également principal sanctuaire d'Al-Qaïda dans le monde, sont soumis depuis un mois à des tirs quasi-quotidiens de missiles par des drones de la CIA américaine.
Washington et l'Union européenne estiment que ces repaires sont au coeur d'un complot terroriste qui vise certains pays d'Europe, dont la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, dont certains médias américains ont assuré qu'il a en partie été déjoué.
Les tirs de missiles par les drones par la CIA, initiés en 2004, se sont considérablement intensifiés à partir de l'été 2008, jusqu'à devenir quasi-quotidiens depuis début septembre, avec 27 salves qui ont tué plus de 150 personnes en un peu plus d'un mois.
Quelques heures avant le double attentat de Karachi, un de ces avions sans pilote a tiré deux missiles sur une maison du district tribal du Waziristan du Nord, près de la frontière afghane, tuant au moins quatre insurgés islamistes selon des militaires pakistanais.
La veille, deux attaque similaires dans le même district avaient tué au moins huit insurgés, selon les mêmes sources.
Mais depuis une semaine, les talibans ripostent en s'attaquant aux camions transportant des équipements, des vivres et du carburant destinés aux forces de l'Otan en Afghanistan, sous commandement des Etats-Unis et composées pour plus des deux tiers de soldats américains.
Au moins 120 de ces camions appartenant à des compagnies de transport privées ont ainsi été incendiés en une semaine dans cinq attaques audacieuses, les deux dernières survenues mercredi.
Le Waziristan du Nord est considéré comme le coeur d'une nébuleuse de talibans pakistanais, afghans et de combattants et cadres d'Al-Qaïda. Il est pointé du doigt par Washington et l'Union européenne comme le lieu où sont planifiés des attentats et des attaques commandos en Europe, notamment en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne.