
Le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Jorge Briceno, alias Mono Jojoy, a été tué lors d'une opération menée par l'armée la nuit dernière. Une vingtaine d'autres guérilleros sont tombés dans les combats.
AFP - Le chef militaire de la guérilla colombienne des Farc Jorge Briceno, alias Mono Jojoy, a été tué dans un bombardement dans la nuit de mercredi à jeudi, un coup sans précédent depuis la mort du Numéro 2 Raul Reyes, en mars 2008, a-t-on annoncé de sources officielles.
"Une source militaire a confirmé que lors d'une opération impliquant les différents corps d'armée, un groupe de guérilleros a été tué (...), parmi lesquels se trouvait le cadavre du Mono Jojoy", a déclaré à la presse Guillermo Mendoza, le procureur général.
Une source du ministère de la Défense a déclaré à l'AFP que Jorge Briceño, membre du bureau politique de la guérilla et considéré comme son chef militaire, avait été tué dans un bombardement dans la nuit de mercredi à jeudi.
Selon cette source, une vingtaine de guérilleros ont été tués dans cette opération menée dans le département central de Meta, non loin de la municipalité de La Macarena, qui fut il y a encore quelques années un fief de la guérilla.
Le mythe vivant de la guérilla
Jorge Briceno, alias "Mono Jojoy" était le dernier "mythe" vivant de la guérilla, sans doute son plus puissant dirigeant et l'homme "le plus détesté" par l'armée.
Fils de paysans né en 1953 dans le département de Boyaca (nord), Jorge Briceno a
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gravi les échelons de cette guérilla jusqu'à devenir en 1990 le chef de son front le plus puissant, le "bloc oriental" comptant plusieurs milliers de combattants. Il était en outre membre du bureau politique des Farc, qui en compte sept, au moins depuis 1993.
Selon la police, il était, en dépit de son niveau d'études basique, féru de tactiques militaires, "ce qui lui a permi de se démarquer dans ce domaine et de mettre en place des stratégies de combat qui permettent de le considérer comme le chef militaire de cette organisation".
Au sein de la guérilla, il est "irremplaçable", a déclaré jeudi un spécialiste, Armando Borrero. "C'était l'un de ses chefs naturels et historiques, un symbole".
"C'était un homme très apprécié au sein des Farc", "un mythe", estime l'enquêteur Ariel Avila qui a mené pendant deux ans des recherches pour la Commission colombienne de mémoire historique sur le dirigeant surnommé "Mono Jojoy".
Luis Suarez, alias Jorge Suarez Briceno ou "Mono Jojoy", a rejoint la guérilla en 1975, selon la police colombienne.
Les spécialistes estiment en revanche qu'il a pratiquement grandi au sein des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) fréquentées à travers ses parents dès l'âge de six ans.
Au sein de la guérilla, Jorge Briceno, un homme trapu toujours en treillis et souvent coiffé d'un beret noir, était très admiré et avait la réputation d'être un homme "dur", "rigide", "grossier", aimant "l'eau de vie", et un "pragmatique" qui contrôlait tout, y compris "les commandes de lames à raser", explique Ariel Avila.
D'anciens otages de la guérilla l'ont décrit comme un combattant "cruel" qui avait imaginé des "camps de concentration" pour ses prisonniers.
"C'était l'un des Colombiens les plus détestés par nos compatriotes tant il était sanguinaire et cruel", a déclaré jeudi le ministre de la Défense Rodrigo Rivera.
62 mandats d'arrêts visaient Mono Jojoy
L'armée colombienne qui connaissait son rôle stratégique, le traquait depuis au moins quatre ans.
En Colombie, il était visé par 62 mandats d'arrêt et accusé d'homicides, d'enlèvements et de terrorisme.
Le chef militaire des Farc était également recherché aux Etats-Unis pour trafic de cocaïne et l'enlèvement de trois otages américains.