Une semaine après le début des inondations qui ont déjà fait 1 600 victimes au Pakistan, les pluies continuent et frappent désormais le sud. Les Pakistanais ne pardonnent pas au président Zardari, en tournée en Europe, de ne pas être présent.
Les besoins au Pakistan sont "totalement impressionnants", s'est alarmée vendredi l'ONU. La situation ne cesse de s'aggraver alors que les inondations, qui ont démarré il y a une semaine dans le nord-ouest du pays, se déplacent vers les régions du sud. Les services météorologiques pakistanais ont lancé une alerte rouge face à la menace "imminente et extrême" dans onze districts. Cette mousson, qui a déjà tué au moins 1 600 personnes, ne devrait pas cesser avant fin août.
Les Nations unies ont revu le bilan des personnes affectées à la hausse, l'évaluant désormais à 4,5 millions. De leur côté, les autorités pakistanaises ont estimé vendredi à 12 millions le nombre de personnes déjà touchées par les inondations. Dans le pays, le mécontentement grandit face à l'absence du président Zardari, qui se trouve au Royaume-uni où il a rencontré ce vendredi matin le Premier ministre britannique David Cameron.
"Un désastre continu"
{{ scope.legend }}
© {{ scope.credits }}"Les besoins sont totalement impressionnants, s'est inquiétée vendredi la porte-parole du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Melissa Fleming. Les pluies continuent dans tout le Pakistan et il n'y a pas de signe qu'elles vont s'arrêter. C'est un désastre continu."
L'ONU estime que plus de 252 000 maisons ont été détruites ou endommagées par les pluies et près de 560 000 hectares de récoltes inondées. Le Programme alimentaire mondiale évalue à 2,5 millions le nombre de personnes qui auront besoin d'une aide alimentaire dans les trois prochains mois.
La nourriture, l'eau potable et les tentes manquent pour aider les millions de personnes sans-abri et accroissent le risque d'épidémies. Les agences humanitaires essaient d'atteindre en premier lieu les personnes se trouvant dans les endroits les plus reculés - une tâche d'autant plus difficile que de nombreuses routes et infrastructures ont été détruites.
Un appel aux fonds va être lancé par l'ONU. Les Etats-Unis ont déjà promis de donner 35 millions de dollars d'aide aux victimes et la France a annoncé qu'elle débloquerait 300 000 euros.
"L'homme qui a insulté le Pakistan"
Alors que le Pakistan connaît la mousson la plus dévastatrice depuis 80 ans, le président Asif Ali Zardari poursuit sa tournée en Europe. Une décision qui provoque la colère de nombreux Pakistanais, d'autant plus que Zardari a rencontré ce vendredi le Premier ministre britannique, David Cameron. Celui-ci a affirmé, il y a dix jours lors d'une visite en Inde, que le Pakistan exportait le terrorisme dans la région.
"Je suis Pakistanaise, je vis dans ce pays, je subis le chaos qui règne ici : je ne crois pas que quelqu'un de l'extérieur ait le droit de faire de tels commentaires sur notre pays", explique une habitante d'Islamabad, Sophia Memood. "Ici personne ne comprend la décision du président Zardari : quitter le pays en pleine crise humanitaire pour rencontrer l'homme qui a insulté le Pakistan", commente notre correspondant à Islamabad, Cédric Molle-Laurençon.
L'Inde à son tour inondée
Cette décision pourrait coûter cher au président Zardari, déjà critiqué par beaucoup de Pakistanais pour sa gestion du pays, où les groupes extrémistes restent une menace pour la sécurité et où peu a été fait pour améliorer l'éducation ou combattre la corruption.
"La vue d'Asif Ali Zardari serrant contre sa poitrine un enfant qu'il aurait sauvé des eaux par hélicoptère, par exemple, aurait fait plus pour son image qu'une année entière passée avec David Cameron dans sa résidence de Chequers", écrit ainsi vendredi l'éditorialiste du quotidien pakistanais "Daily Times". "Si les inondations les plus dévastatrices de l'histoire du Pakistan, la misère de près de trois millions de personnes et la destruction de près d'un cinquième de la production agricole nationale n'ont pas convaincu Asif Ali Zardari de rester ici et de participer à l'effort humanitaire, pourquoi les accusations fréquentes d'exporter le terrorisme l'ont-elles persuadé de se rendre au Royaume-Uni ?", poursuit-il.
Les précipitations ont également provoqué de brusques inondations dans l'Inde voisine, tuant au moins une centaine de personnes.