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Première visite officielle de Cameron à Washington sur fond de tensions

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a entamé mardi sa première visite officielle aux États-Unis, alors même que l’affaire BP et la crise économique ont tendu "la relation spéciale" en vigueur entre les deux pays.

La situation en Afghanistan, les déconvenues du groupe pétrolier britannique BP et les différentes approches pour lutter contre la crise économique seront à l'ordre du jour de la visite, entamée mardi, du Premier ministre britannique, David Cameron, à la Maison Blanche.

Il s’agit de la première visite officielle de Cameron aux États-Unis depuis qu'il a pris ses fonctions en mai, à la tête d'une coalition de conservateurs et libéraux. Cameron et Obama ont déjà affiché publiquement leur complicité, n’hésitant pas à trinquer devant les caméras et à parier sur des matchs du Mondial-2010, lors du sommet du G20 à Toronto le mois dernier. Une proximité qui n’occulte pas pour autant les tensions qui mettent à mal la "relation spéciale" entre le Royaume-Uni et les États-Unis.

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"LES DEUX PAYS ONT UNE VISION COMMUNE"
Première visite officielle de Cameron à Washington sur fond de tensions

BP, la marée noire et l’attentat de Lockerbie

Premier dossier à l’origine des tensions : l’affaire BP. Le géant pétrolier tente depuis plusieurs mois de mettre un terme au déversement de pétrole, d’un de ses puits, dans le golfe du Mexique. Une catastrophe qui a provoqué l’ire des Américains à l’encontre du géant britannique, accusé de laxisme dans la gestion de la crise écologique.

BP a aggravé son cas, quand la semaine dernière une polémique est née de l'obtention par BP d'un contrat en Libye. La compagnie est suspectée d’avoir fait pression sur le gouvernement britannique de Gordon Brown pour hâter la libération du Libyen Abdelbaset al-Megrahi, détenu dans une prison écossaise. Accueilli en héros à Tripoli, Megrahi avait été condamné pour l’attentat perpétré en 1988 contre un Boeing 747 au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie, qui avait fait 270 morts. La plupart des victimes étant américaines, cette décision avait provoqué un tollé de l’autre côté de l’Atlantique.

La libération du Libyen a été "une erreur complète et totale", a réaffirmé à la BBC David Cameron. Un point de vue qu'il avait auparavant proféré en tant que chef de l'opposition. "Je ne sais pas ce que BP a fait. Je ne suis pas en charge de BP", a-t-il ajouté. Le ministère des Affaires étrangères britannique a affirmé de son côté qu'il n'y avait pas de lien entre BP et la libération de Megrahi.

Le dossier afghan

La seconde question qui sera abordée lors de leur entretien, concerne la politique étrangère et la "guerre contre le terrorisme". Un concept à l’origine de la "relation spéciale", incarnée par l’ancien Premier ministre Tony Blair et l’ex-président américain George W. Bush. Le président Obama et le Premier ministre Cameron semblent enclins à résoudre rapidement l’épineux dossier afghan, dont ils ont hérité de leurs prédécesseurs, sans pour autant porter atteinte à la sécurité de leurs pays respectifs. D’accord sur le fond, seul une divergence de vue concernant le calendrier les séparent. Le premier a annoncé que les troupes américaines commenceraient à quitter le pays en juillet 2011, tandis que Cameron souhaite le retour de tous les soldats britanniques d'ici aux prochaines législatives de 2015.

Désaccords économiques

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GAGNER LA GUERRE DE LA RECONSTRUCTION

Le dernier point qui sera abordé concerne l’économie. Le président Obama a incité les gouvernements européens à infléchir leur politique d'austérité, jugée néfaste pour la reprise mondiale. Il les a récemment appelés à se montrer plus "souples pour ajuster le rythme de la consolidation budgétaire" et à "apprendre des erreurs du passé, quand les mesures de relance avaient été retirées trop vite, replongeant l'économie en récession".

De son côté, le gouvernent de Cameron, qui a fait de la réduction du déficit budgétaire sa priorité, vient d'annoncer des coupes dans les services publics. Une décision qui fait craindre à Washington le ralentissement de la demande des consommateurs et le risque d'une nouvelle récession. Alors que Londres semble emboîter le pas des Européens, Obama pourrait regretter la politique dépensière et les mesures de relance du prédécesseur de Gordon Brown.