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Éric Woerth demande à être entendu par le juge Courroye

"Je demande à être entendu par la justice", affirme le ministre du Travail dans le Journal du Dimanche. "J’ai besoin de cela. Il faut expliquer", ajoute t-il, à la veille d'une intervention de Nicolas Sarkozy à la télévision, lundi soir.

Pour la première fois depuis le début de l’affaire Woerth-Bettencourt, le ministre du Travail a émis le souhait d’être "entendu par la justice", selon des propos d'Éric Woerth rapportés par le Journal du Dimanche.

Celui-ci, qui s’exprimait depuis Chantilly, ville du département de l’Oise (nord de Paris) dont il est maire, dit avoir "besoin de cela". "Il faut expliquer (…). Je suis à la disposition de la police et de la justice", ajoute-t-il.

Alors que l’affaire a éclaté il y a près de quatre semaines, et que trois enquêtes ont été ouvertes ces derniers jours, Éric Woerth dit vouloir rencontrer le juge Courroye, en charge de l'affaire, "le plus rapidement possible".

Semaine chargée pour Woerth et Sarkozy

Les déclarations du ministre du Travail interviennent à la veille d’une semaine chargée pour l’exécutif.

Directement visé par plusieurs révélations dans cette affaire, pressé par son propre camp de prendre la parole, le président Nicolas Sarkozy doit s’exprimer lundi soir sur France 2. Il devrait tenter d’éteindre l’incendie Bettencourt, avec pour enjeu politique la sauvegarde de sa côte de popularité, déjà bien mal en point. D’après le baromètre de l’institut BVA rendu public le 7 juillet, Nicolas Sarkozy a encore perdu 3 points de bonnes opinions au cours du mois de juin. Avec 64 % de mauvaises opinions, il retrouve le "record historique" d’impopularité qu'il avait atteint au mois d'avril 2008.

Le ministre du Travail, quant à lui, doit, dès cette semaine, reprendre les rênes de la réforme des retraites, l’un des dossiers les plus importants du quinquennat. Il est censé présenter mardi le projet de loi en Conseil des ministres, avant de le défendre devant les députés à partir du 7 septembre.

Une audition sous l’autorité du ministère de la Justice

Dans quelles conditions Éric Woerth peut-il être entendu par la justice ? À quelles questions devrait-il répondre dans un tel cas de figure ? Quelles accusations pourraient être retenues contre lui ?

"L’enquête est une bonne chose, cela permet de dire la vérité", affirme le ministre dans le Journal du Dimanche, ajoutant que "plus il y a d’enquêtes, mieux c’est… Tout est transparent".

Le procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye, a en effet ouvert trois enquêtes préliminaires, la semaine dernière, à la suite des révélations de l’affaire Bettencourt. La dernière, datant du 9 juillet, porte sur le contenu des enregistrements pirates réalisés par le majordome de Liliane Bettencourt. C’est dans ce cadre, et en tant que témoin, que le ministre devrait être entendu. Toutefois, le juge Courroye aurait, en toute logique, convoqué Éric Woerth même si ce dernier n’en avait pas exprimé le souhait.

Reste que le cadre de cette audition prête déjà le flanc à la critique. En effet, l’enquête préliminaire est une procédure très décriée car soumise au procureur - donc au ministère de la Justice - et non à un juge indépendant. Or, beaucoup font remarquer que ce procureur, Philippe Courroye, est très proche de Nicolas Sarkozy, qui le présente comme un "ami".

Éric Woerth se garde cependant de demander la saisine de ce dossier par un juge d’instruction, comme le réclament une partie de la classe politique et des syndicats de magistrats.

Si cette audition a lieu, il devrait notamment répondre au juge Courroye de soupçon de prise illégale d’intérêt - décision prise qui conduit à un intérêt personnel -, les enregistrements pirates révélant que son épouse, Florence Woerth, est entrée au service de Liliane Bettencourt à sa demande en janvier 2007, alors qu’il était ministre du Budget.