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À cause d'un livre désopilant sur ses collègues, une fonctionnaire risque la mise à pied

L'auteur du livre "Absolument débordée !" pourrait perdre son emploi. Sous un peudonyme, la fonctionnaire (photo, à dr.) y décrit les lenteurs et les impasses de l'administration. Son employeur, le conseil régional d'Aquitaine, n'a pas apprécié.

AFP - Sous le pseudonyme Zoé Shepard, auteur d'"Absolument débordée!", un pamphlet contre le conseil régional d'Aquitaine, se cache une haut fonctionnaire qui ne pensait pas que tout cela la conduirait jeudi devant le conseil de discipline où elle risque une mise à pied.

"Ce livre est né d'un grand désespoir professionnel car je n'ai jamais réussi à faire ce pour quoi j'avais été embauchée (...) je me sentais mal dans ce travail", raconte cette jeune femme de 30 ans, entrée en 2007 comme chargée de mission à la délégation internationale du conseil régional.

Elle affirme pourtant que la fonction publique est depuis toujours une vraie vocation chez elle. Après une prépa en lettres, cette fille de fonctionnaires est entrée à l'Institut d'études politiques de Bordeaux avant d'intégrer le prestigieux Institut national des études territoriales (INET).

"C'est le fait de ne pas servir l'intérêt général qui a commencé à me faire déprimer", explique celle qui trouvait "très pénible de rester sept heures derrière un ordi et de se dire je pourrais être utile ailleurs".

Des situations l'ulcèrent, par exemple elle ne supporte pas que "des délégations étrangères soient baladées dans des châteaux alors qu'elles souhaitent des réunions de travail".

"Un jour, on m'a laissé cinq jours pour changer la police (de caractère) d'un document, il y a aussi les réunions qui durent sans objectif (...) le gaspillage m'a heurtée", poursuit-elle, dans un flot de paroles.

Alors, elle commence par tenir un blog avant de se mettre à écrire un livre, sous la forme d'un journal et sur un ton léger qu'elle veut semblable à celui de Bridget Jones.

Au moment de la sortie de son ouvrage, en mars, elle prend soin de dissimuler sa véritable identité, choisissant de déformer sa voix lors de ses interventions à la radio. Elle dissimule le lieu de l'action "pour ne pas pointer une collectivité et des personnes" en particulier. "Je ne voulais pas la pointer du doigt car il y a des travers partout", assure l'auteure qui a situé l'action dans une mairie de province et écrit de manière à ce que les personnages de son livre ne puissent pas se reconnaître.

Mais rapidement le masque tombe. Des collègues et anciens camarades de classe reconnaissent sa plume et son caractère mordant.

"90% des anecdotes ont une base réelle mais tout est romancé et toutes les anecdotes n'ont pas eu lieu sur mon lieu de travail. Si on ne m'avait pas dénoncée comme étant Zoé Shepard, personne n'aurait eu l'idée de s'identifier à tel ou tel personnage", se défend la jeune écrivaine qui a déjà vendu 10.000 exemplaires de son ouvrage.

Un point de vue loin d'être partagé par le conseil régional d'Aquitaine, présidé par le socialiste Alain Rousset, qui estime que "de nombreux indices" permettent de l'identifier, bien que l'institution ne soit pas nommée. Il considère, qu'elle a outrepassé son devoir de réserve et de discrétion et que certains passages du livre sont injurieux, grossiers et diffamatoires notamment quand elle parle d'"un regard d'une vacuité qu'une vache trisomique ne renierait pas" ou d'un "cerveau atrophié de Simplet".

La veille de sa convocation devant le conseil de discipline, la jeune femme affirmait "ne pas regretter". Elle estime d'ailleurs qu'une révocation serait "une censure de la liberté d'expression".

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