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Erreurs, coups de sifflet et arbitrage vidéo, le drame du football moderne ?

Une fois de plus, l'issue de matches de la Coupe du monde a été altérée par des erreurs d'arbitrage. Un but injustement refusé à l'Angleterre et un autre injustement accordé à l'Argentine relancent le débat sur la place de la vidéo dans l'arbitrage.

Deux huitièmes de finales, et deux énormes erreurs d’arbitrage. Voilà le triste de bilan de la journée de dimanche.

Dans la partie opposant l’Allemagne à l’Angleterre, les coéquipiers de Steven Gerrard, menés 2-1, auraient dû revenir à 2-2 juste avant la mi-temps. À la 38e minute, après une puissante frappe de Frank Lampard, le ballon touche la transversale de Neuer puis s’écrase au sol, une dizaine de centimètres derrière la ligne de but, avant de rebondir hors des cages dans les bras du gardien allemand. L’arbitre de touche n’a rien vu et l’arbitre central de la rencontre, l’Uruguayen Jorge Larrionda, laisse le jeu se poursuivre. La Mannschaft s’imposera finalement 4-1.

Un fait de jeu qui n’a pas échappé au Premier ministre anglais David Cameron. Lors d’une conférence de presse en marge du G20 à Toronto, il a estimé que l’utilisation de la vidéo pour aider les arbitres devait être considérée. "Je pense que l’utilisation de la technologie dans le sport peut être un plus", a-t-il déclaré. "Je suis moi-même un fan de cricket et de tennis, je pense que le troisième arbitre est une bonne chose [au cricket, le troisième arbitre dispose d’un contrôle vidéo], et la machine qui fait ‘bip’ à Wimbledon est très pratique aussi. Peut-être qu’il est temps pour le football de s’intéresser à ces solutions".

Un scénario similaire s’est déroulé dans l’autre rencontre de la journée entre l’Argentine et le Mexique. Sur le premier but argentin, Carlos Tevez, le buteur, est largement hors-jeu sur la remise de Lionel Messi. Les joueurs mexicains se ruent alors vers le juge de touche pour manifester leur colère, après avoir vu le ralenti diffusé –par erreur– sur les écrans géants du stade. S’ensuit une discussion entre l’arbitre central et son assistant qui s’achèvera par la validation du but.

"Ce qui est terrible dans ces situations, c’est qu’il [l’arbitre central] sait sans doute qu’il a tort, mais comme le juge de touche dit qu’il n’y a pas hors-jeu, il est obligé d’accorder le but", se lamente Arsène Wenger, l’entraîneur d’Arsenal, commentant la rencontre sur TF1.

Deux grossières fautes d’arbitrage qui viennent s’ajouter à une liste déjà bien étoffée depuis le début de la compétition –sans oublier la main de Thierry Henry en qualifications–, et qui relancent l’éternel débat de la place de la vidéo dans le football moderne.

Sepp Blatter sous le feu des critiques

Lors de la Coupe du monde en Allemagne en 2006, les arbitres disposaient d’un écran près des bancs de touche. Un dispositif qui avait notamment conduit à l’exclusion de Zinedine Zidane après son coup de tête sur Marco Materrazzi lors de la finale. Mais en Afrique du Sud, tout écran a été banni par les organisateurs.

Subtilité sémantique

Quelle différence y a-t-il entre "arbitrage vidéo" et "aide à l’arbitrage sur la ligne de but"?

L’arbitrage vidéo concerne l’ensemble des situations litigieuses en mesure de se produire sur un terrain de football, du hors-jeu aux fautes en milieu de terrain. Cette solution est taxée par ses détracteurs de ralentir le rythme du jeu, car il faudrait recourir à l’outil vidéo pour chaque faute.

L’assistance technologique sur la ligne de but en revanche, ne concerne que la validation des buts. Elle sert par exemple à déterminer si le ballon a entièrement franchi la ligne de but, ou s’il y a une situation de hors-jeu à l’origine d’un but.

"Tous les anciens joueurs, tous les entraîneurs, tous les présidents de clubs, toutes les stars, tous demandent l’assistance technologique sur la ligne de but. Sauf une personne à la Fifa", s’emporte Alan Shearer, ancien international anglais, sur le plateau de la BBC à la mi-temps du match Allemagne-Angleterre.

L’homme qu’il ne nomme pas est Sepp Blatter, le patron de la Fifa (Fédération internationale de Football Association), opposé depuis toujours à l’arbitrage vidéo. Le 24 janvier dernier, il avait pourtant fait un semblant de marche arrière, affirmant qu’il n’était pas contre une forme d’assistance technologique sur la ligne de but.

"Je ne suis pas absolument contre. Si cette technologie est prête à être adoptée, je ne peux qu'y être favorable", expliquait-il alors, tout en précisant que ce dispositif ne serait pas prêt pour la Coupe du monde 2010. "Nous ne ferons aucune expérience pendant cette compétition."

Mais le 6 mars, l’Ifab (l'International Football Association Board, l’instance qui détermine les règles du football) prend finalement une décision allant dans le sens contraire. Après une démonstration de deux technologies censées aider l’arbitrage sur la ligne de but (des caméras placées sur les montants des buts et une puce électronique intégrée au ballon), elle décide de ne pas les intégrer à son règlement ni aux lois du jeu. Retour à la case départ.