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Pyongyang menace de déclencher une action militaire en cas de condamnation à l'ONU

La Corée du Nord fait savoir qu'elle n'hésitera pas à déclencher une opération militaire si elle est condamnée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan, dont elle refuse d'endosser la responsabilité.

AFP - L'ambassadeur de Corée du Nord à l'ONU a averti mardi que son pays réagirait militairement à toute condamnation par le Conseil de sécurité pour le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan.

Il a également indiqué que Pyongyang exigeait de pouvoir inspecter le site du naufrage de ce navire de guerre, que Séoul impute au tir d'une torpille nord-coréenne.

Pyongyang a rejeté toute responsabilité dans cet incident maritime survenu le 26 mars

près de la ligne de démarcation maritime inter-coréenne et qui a coûté la vie à 46 marins sud-coréens. Mais une enquête internationale a corroboré la thèse sud-coréenne, attribuant le naufrage de la corvette à une torpille nord-coréenne.

"Nous ne voulons pas que le Conseil de sécurité prenne des mesures de provocation à notre égard", a déclaré l'ambassadeur, Sin Son-ho, lors d'une conférence de presse rarissime.

Il a affirmé que si le Conseil décidait d'agir contre son pays, "des mesures de représailles seraient prises par nos forces militaires."

Le département d'Etat américain a estimé mardi que ces menaces étaient "dans la même veine provocatrice que le comportement qui a caractérisé la Corée du Nord malheureusement depuis début 2009".

Lundi, un scientifique sud-coréen, Yoon Duk-yong, professeur à l'Institut des sciences et technologies avancées de Corée du Sud, avait déclaré que Séoul espérait que le Conseil de sécurité prendrait des mesures contre la Corée du Nord.

Il faisait partie d'une délégation officielle sud-coréenne et multinationale qui venait de présenter au Conseil les conclusions d'une enquête internationale sur les circonstances du naufrage, mettant directement en cause la Corée du Nord.

Il avait affirmé que la corvette avait été coulée par une torpille tirée par "un sous-marin de poche nord-coréen", précisant que la torpille avait été identifiée comme "un modèle +CHT02D+ nord-coréen", sur la base de fragments récupérés, comprenant "des éléments de propulsion".

Mais M. Sin a mis en doute mardi ces affirmations, qualifiant l'incident de "mystère".

"Nous avons besoin de dépêcher notre propre groupe d'enquêteurs sur le site du naufrage", a-t-il dit.

"Si le Conseil de sécurité débat formellement de cette affaire sur la seule base des +résultats d'enquête+ unilatéraux du Sud sans vérification par la RPDC (Corée du Nord), qui est la victime, cela veut dire qu'il se range du côté d'une des parties à l'exclusion de l'autre", a-t-il lancé.

M. Sin a affirmé que le jour du naufrage, des exercices militaires communs américano-sud-coréens, "Foal Eagle", étaient en cours, avec le déploiement de nombreux armements anti-sous-marins et anti-aériens.

"Dans ces conditions, il est douteux qu'un petit sous-marin nord-coréen ait pu couler le Cheonan, qui avait une capacité anti-sous-marine, et il est inconcevable que les navires de guerre américains et sud-coréens équipés d'instruments très perfectionnés n'aient pu le détecter", a dit M. Sin.

L'ambassadeur a estimé que l'incident avait profité à Washington qui avait "exagéré la menace nord-coréenne" pour forcer le Parti démocrate japonais au pouvoir à renoncer à faire partir les forces américaines d'Okinawa.

Après avoir entendu séparément des représentants des deux parties en conflit sur l'incident, le Conseil de sécurité avait pressé lundi soir les deux Corées de s'abstenir de tout acte qui pourrait conduire à une escalade des tensions après le naufrage.

La Corée du Sud a formellement saisi le Conseil de sécurité de l'ONU au sujet de l'incident, l'un des plus graves depuis l'armistice de la guerre de Corée en 1953.