![Le militant de Greenpeace harponné par des pêcheurs toujours hospitalisé à Malte Le militant de Greenpeace harponné par des pêcheurs toujours hospitalisé à Malte](/data/posts/2022/07/15/1657899768_Le-militant-de-Greenpeace-harponne-par-des-pecheurs-toujours-hospitalise-a-Malte.jpg)
L'écologiste touché à la jambe lors d'un violent accrochage entre des militants de Greenpeace et des pêcheurs de thon n'a toujours pas quitté l'hôpital. Les médecins craignent un risque d'infection, car le harpon qui l'a blessé était rouillé.
AFP - Au lendemain de la violente altercation en Méditerranée entre Greenpeace et des pêcheurs français, le militant écologiste blessé était toujours hospitalisé samedi à Malte tandis que le gouvernement français a appelé à la poursuite de la pêche au thon "dans un cadre légal".
Frank Hewetson, un Britannique de 45 ans, participait à une action de l'organisation écologiste au large de Malte pour empêcher la pêche au thon rouge lorsque cinq à six thoniers sont venus les encercler, a-t-il expliqué à l'AFP.
"Nous étions en train d'essayer d'abaisser des filets avec des sacs de sable pour libérer les poissons, quand les pêcheurs ont lancé un crochet sur notre zodiac. Lorsqu'ils ont tiré sur la corde pour rapprocher notre pneumatique de leur bateau, le crochet s'est planté dans ma jambe gauche, entre l'os et le muscle".
"C'était terriblement douloureux. Les pêcheurs tiraient sur la corde pour rapprocher les bateaux mais j'ai réussi à retirer le crochet. En plus, ils nous ont frappés avec des batons quand nous nous sommes retrouvés côte à côte", a ajouté le Londonien, qui affirme avoir alors craint pour sa vie.
Hospitalisé à St James Capua, il a été opéré dans la soirée de vendredi.
Selon lui, les médecins craignent une infection car le crochet, utilisé pour retirer les thons des filets, était rouillé. Ils lui ont indiqué qu'il devrait rester à l'hôpital au moins encore trois jours.
Les récits de la confrontation diffèrent selon les parties.
Selon Greenpeace, les pêcheurs ont tiré à l'aide de fusées de signalisation sur les militants et sur l'hélicoptère de l'ONG qui survolait la scène.
L'armateur français Jean-Marie Avallone, propriétaire de trois thoniers de Sète (sud de la France) impliqués dans l'affaire, a affirmé pour sa part que les militants étaient armés de "couteaux et de blocs de ciment" et a assimilé l'opération de Greenpeace à "une attaque de brigands".
De son côté le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins a déclaré que les pêcheurs avaient été "attaqués" par des militants "casqués, équipés et engagés dans une action violente: la destruction de l'outil de travail".
Greenpeace, qui devrait porter plainte lundi pour "coups et blessures et tentatives de coups et blessures", a rendu public samedi un film de 52 secondes sur l'affrontement.
On y voit un pêcheur arracher un drapeau à un militant et frapper avec la hampe, des zodiacs chavirés et le militant britannique blessé qui hurle de douleur. Des injures fusent des bâteaux de pêche.
Tout en "déplorant les heurts", Paris a estimé qu'il fallait "laisser la pêche au thon se dérouler dans un cadre légal". Interrogé par l'AFP, un porte-parole du ministère de l'Agriculture et de la Pêche a rappelé que la pêche au thon rouge était une activité fortement encadrée. La saison dure du 15 mai au 15 juin.
L'association des pêcheurs maltais a pour sa part condamné l'action "violente et illégale" de Greenpeace. "Ils recherchaient la confrontation, ils l'ont eue", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Cet incident est sans précédent depuis le début des campagnes de Greenpeace contre la pêche au thon rouge, une espèce qui fait les délices des amateurs de sushis mais est victime de surpêche.
Selon l'organisation écologiste, la pêche à grande échelle a fait chuter de 80% les réserves de thon rouge en Méditerranée et dans l'Atlantique-est. L'organisation demande sa fermeture provisoire, afin que se reconstituent les stocks et a mobilisé deux navires pour perturber la saison de pêche.
En mars, à Doha, une proposition avait été étudiée visant à interdire le commerce international de "thunnus thynnus", une espèce très prisée par les Japonais. Mais une majorité d'Etats parties à la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (Cites) l'avait finalement rejetée.