Le cordage n’est pas encore une histoire de machine. Loin des regards indiscrets, au centre d’entraînement de Roland-Garros, une dizaine de techniciens agitent leurs doigts de fée sur les raquettes des joueurs. Rien n’est laissé au hasard dans ce savant tressage : "C’est l’unique point de contact entre la balle et la raquette. C’est là où tout se joue," résume Benoît Maugain, cordeur professionnel pour la société Technifibre qui en est déjà à son quatrième Roland-Garros.

En plein travail pour l’Israélienne Shahar Peer, Benoît Maugain n’a pas de temps à perdre : dans quelques instants, la joueuse va entrer sur le terrain pour disputer son 2e tour et ses dix raquettes doivent être prêtes. Au total, 3 500 raquettes seront préparées dans l'atelier pendant la quinzaine et 37 kilomètres de cordage en boyaux de bœuf, synthétiques ou hybrides, soit l’équivalent du périphérique parisien, seront utilisés.

Dans la foulée, Antonio Martínez Cascales, le coach de Juan Carlos Ferrero, vient lui confier les raquettes du vainqueur de l’édition 2003. "Je viens toujours ici", confie-t-il avant de passer commande. Si quelques joueurs ont leur propre cordeur, la plupart des joueurs du tournoi viennent ici. A l’instar de l’Uruguayen Pablo Cuevas qui découvre le lieu : "C’est la première fois que je viens chercher mes raquettes ! C’est toujours mon coach qui vient les prendre."

Les violonistes ne font pas les meilleurs luthiers pour autant. .. Mais les joueurs savent l’influence qu’aura le cordage sur leur jeu et sur leur physique. Mal réglée, la tension du tamis peut être dévastatrice pour le bras du tennisman en provoquant le fameux "tennis-elbow", une tendinite du coude, l’ennemi juré des courts. Toute la difficulté du cordage réside dans le juste équilibre de la tension : faible, le joueur perd en contrôle mais gagne en puissance ; élevée, le joueur gagne au touché de balle et en contrôle mais perd en puissance. A bon encordeur…