
Pour la première fois, Apple dépasse Microsoft à Wall Street pour devenir la plus importante valeur technologique. Un changement historique en partie dû à l'explosion du secteur des technologies mobiles.
Deux décennies d’histoire technologique ont pris fin à Wall Street. Sur la principale place boursière mondiale, la valeur d’Apple a dépassé, mercredi, celle de Microsoft. Sa valorisation boursière s’est établi à 222,12 milliards de dollars contre 219,18 milliards pour le roi déchu. Mieux : tous secteurs confondus, la seule société américaine à garder une avance sur la marque à la pomme est le géant pétrolier Exxon qui vaut 278,64 milliards de dollars.
Un tournant historique pour le créateur des Mac, iPod, iPhone et autres iPad qui, depuis les années 1980, évoluait dans l’ombre du géant du logiciel. "C’est le renversement de tendance le plus important de l’histoire de la Silicon Valley", souligne Jim Breyer, un investisseur spécialisé dans les nouvelles technologies.
Il y a 20 ans, Apple était au bord de la rupture. Ses ordinateurs dépassaient à peine 2% des parts de marché mondiales en 1990 et le petit monde des technologies pensait que Microsoft pouvait racheter son rival historique. Le fondateur du constructeur de PC Dell, Michael S. Dell, avait même enjoint Apple de "mettre la clé sous la porte et à rembourser les actionnaires".
"Pari technologique"
La renaissance est ironiquement due, en partie, à Microsoft qui, en 1996, décide d’injecter 150 millions de dollars dans Apple. La même année, Steve Jobs revient à la tête de l’entreprise en difficulté. De l’avis général, le retour du fondateur, évincé en 1985, permet définitivement à la société de sortir la tête de l’eau.
Steve Jobs décide de ne plus mettre toutes ses pommes dans le même panier, celui des ordinateurs. Apple va d’abord investir puis dominer le secteur de la musique numérique avec l’iPod que la société lance en 2001. Steve Jobs décide ensuite de révolutionner le monde des téléphones portables en 2007 avec son iPhone. Selon les chiffres officiels de l'entreprise publiés en avril, il s’est vendu 260 millions d’iPod depuis 2001 et 50 millions d’iPhone ces trois dernières années.
Cependant, le couronnement d’Apple par Wall Street ne reflète pas la réalité financière. En effet, aussi bien en termes de chiffre d’affaires que de revenus, Microsoft devance encore son concurrent. Ce sacre boursier représenterait plutôt un "pari technologique", selon les termes de Peter A. Thiel, co-fondateur de la société de micro-paiement en ligne PayPal.
Un pari qui démontre que les marchés jugent les technologies mobiles – où Apple cartonne – plus importantes que le traditionnel secteur du PC – source principale de revenus pour Microsoft et son Windows.
Ce glissement de tendance est une bonne nouvelle pour le troisième larron, Google. Le géant de l’Internet a, en effet, massivement investi dans le téléphone portable. Debut mai, il y avait plus de smartphones "Google" (fonctionnant avec le système d’exploitation Android) vendus chaque jour que d’iPhone.