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La Corée du Nord est accusée par sa voisine du Sud d'avoir torpillé une corvette sud-coréenne. Si Pyongyang parle "d'affabulations", Washington condamne tandis que Pékin appelle "à la retenue".

REUTERS - La tension entre la Corée du Sud et sa voisine du Nord s'est brutalement accrue jeudi avec la publication d'un rapport d'enquête montrant que Pyongyang était impliqué dans le naufrage d'un navire de guerre sud-coréen qui avait entraîné la mort de 46 marins au mois de mars.

Le rapport, établi à partir des travaux d'une équipe d'experts civils et militaires américains, australiens, britanniques et suédois, parvient à la conclusion qu'un sous-marin nord-coréen a tiré une torpille contre la corvette Cheonan provoquant son naufrage.

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"Séoul veut éviter un affrontement militaire"

"Il n'y a pas d'autres explications plausibles", affirme le rapport, présenté lors d'une conférence de presse à la télévision nationale. "Les éléments mènent de manière accablante à la conclusion que la torpille a été tirée par un sous-marin nord-coréen", ajoute le texte.

Disposant de ce qu'elle considère comme des preuves irréfutables, la Corée du Sud a annoncé vouloir prendre des mesures "énergiques" contre sa voisine.

Pyongyang a réagi en qualifiant ces accusations d'inventions et s'est dit prêt à recourir à la guerre si la Corée du Sud adoptait des sanctions.

"Notre armée et notre peuple réagiront promptement à toute punition et à toutes représailles et à toutes sanctions violant les intérêts de l'Etat sous la forme de mesures fortes y compris une guerre totale", affirme la Commission de la défense nationale dans un communiqué diffusé par son agence de presse officielle.

La Corée du Nord a toujours démenti son implication dans cet incident qui s'est produit à la frontière des eaux territoriales entre les deux Etats.

Le président sud-coréen, Lee Myug-bak, a convoqué une réunion d'urgence du Conseil de sécurité nationale vendredi. Son gouvernement a précisé qu'il n'envisageait pas de frappe unilatérale mais qu'il allait demander à la communauté internationale de prendre des mesures contre la Corée du Nord.

"En réponse, nous allons prendre des mesures énergiques contre le Nord, et en nous appuyant sur la coopération internationale, nous allons obliger le Nord à admettre son méfait et à redevenir un membre responsable de la communauté internationale", a déclaré Lee au Premier ministre australien Kevin Ruud, dont les propos étaient rapportés par son bureau.

PÉKIN APPELLE AU MAINTIEN DE LA STABILITÉ

Surveillant toujours de près les événements entre les deux voisins de la péninsule, les Etats-Unis ont immédiatement réagi en apportant leur soutien à Séoul.

"Il s'agit d'un acte injustifié et déplacé", a estimé le porte-parole du sécrétariat d'Etat, P.J Crowley.
"Il s'agit clairement d'une provocation de la Corée du Nord et il y aura des conséquences (...)", a-t-il ajouté.
La Maison blanche a fait savoir que les Etats-Unis consultaient Séoul et le conseil de sécurité des Nations Unies sur les suites à donner aux résultats de l'enquête.
"Nous apportons notre soutien aux résultats de l'enquête sud-coréenne", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. "L'attaque visait l'un de leurs navires et naturellement, c'est [les autorités sud-coréennes] qui décideront des suites à donner", a-t-il précisé.
Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a qualifié de "profondément troublantes" les conclusions du rapport d'enquête.

La Chine, qui est l'un des seuls soutiens de Pyongyang sur la scène internationale, se retrouve en porte-à-faux dans cette affaire, ne pouvant pas condamner ouvertement son alliée.

Les Chinois ont qualifié cette affaire de "malheureuse" et ont appelé par la voix de leur vice-ministre des Affaires étrangères, Cui Tiankai, à maintenir la stabilité dans la péninsule.