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Qui remplacera Gordon Brown à la tête du Parti travailliste ?

La succession de Gordon Brown au poste de secrétaire général du Parti travailliste devrait donner lieu à une guerre de succession acharnée, tant les candidats sont nombreux. Passage en revue des personnalités les mieux armées.

Gordon Brown a créé la surprise, mardi, en annonçant plus tôt que prévu son départ du 10 Downing Street et sa démission de la tête du Parti travailliste britannique. Depuis, même si aucun prétendant ne s’est encore déclaré pour reprendre le flambeau à la direction du Labour, les candidats ne manquent pas.

Après l’échec des négociations destinées à former une coalition "Lib-Lab", le futur leader des travaillistes héritera d’une lourde tâche : réinventer le "New Labour", pour regagner la confiance des électeurs.

Aux yeux des médias et des bookmakers, David Miliband fait figure de grand favori pour le poste. Mais, face à lui, de nombreuses personnalités travaillistes - dont son propre frère - nourrissent quelques ambitions. Revue de détail.

David Miliband

Fils aîné d’un célèbre théoricien marxiste, David Miliband a été pendant trois ans le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Gordon Brown. Figure de la jeune génération travailliste, il est donné favori pour prendre les rênes du parti. Ambitieux et extrêmement brillant (ce qui lui a valu le surnom de "Brain", "le cerveau", au sein de sa formation politique), il a dirigé une unité de réflexion et de prospective mise en place au 10 Downing Street au lendemain de l’élection de 1997. En 2008, les médias en avaient fait le principal concurrent de Gordon Brown pour succéder à Tony Blair à la tête du Parti travailliste. Admiré par les leaders libéraux démocrates, David Miliband devra toutefois convaincre les syndicats et la base du Labour pour parvenir à ses fins.

Ed Balls

Conseiller économique de Gordon Brown pendant une dizaine d’années, élu à la Chambre des communes depuis 2005, Ed Balls est entré au gouvernement en 2007, en tant que secrétaire d’État à l’Enfance et à la Famille.

Conseiller au Trésor entre 1999 et 2004, il a fait de ses connaissances économiques son principal atout, n’hésitant pas, au plus fort de la débâcle économique et financière de 2008, à s’autoproclamer "meilleur homme pour gérer la crise".

Cette semaine, Ed Balls a joué les entremetteurs avec les libéraux-démocrates pour tenter de former une coalition Lib-Lab et faire en sorte que les travaillistes restent au pouvoir. En vain.

Fort d’un soutien sans faille des syndicats, il pourrait toutefois voir cet avantage se retourner contre lui, s’il ne parvient pas à gommer sa réputation de grand "guerrier de la lutte des classes".

Alan Johnson

Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Brown, cet homme du peuple – il a longtemps été facteur – jouit, lui aussi, d’une très forte popularité auprès des syndicats. Il a d’ailleurs été lui même représentant syndical à plein temps avant d’être élu à la Chambre des communes, en 1997. Alan Johnson a fait ses armes au ministère de la Santé, avant d’occuper de nombreux portefeuilles sous le mandat de Gordon Brown. Partisan inconditionnel d’une réforme du système électorale britannique, il est probablement le candidat préféré des cadres du Parti travailliste.

Ed Miliband

Ex-ministre de l’Environnement, le plus jeune frère de David Miliband est également un conseiller cher à Gordon Brown, doté d’une solide expertise économique. Il est l’auteur du nouveau manifeste du Parti travailliste, publié avant les élections. Ed Miliband s’est notamment fait remarquer lors du sommet sur le réchauffement climatique de Copenhague, en décembre dernier, au cours duquel son intervention a été très applaudie. De l’avis général, il est l’homme qui a permis de sauver les négociations.

Son attachement à une "croissance verte" lui a attiré de nombreuses sympathies. Des deux frères Miliband, David a toutefois infiniment plus de chances de décrocher la direction du parti.

Andy Burnham

Membre du Parti travailliste depuis l’âge de 14 ans, Andy Burnham a été élu au Parlement en 2001, puis a rapidement gravi les échelons politiques. Secrétaire au Trésor britannique dans le premier gouvernement Brown, il a ensuite été nommé ministre de la Culture, des Médias et des Sports. Il a ensuite succédé à Alan Johnson au poste de ministre de la Santé. Andy Burnham a acquis une solide expérience ministérielle mais manque de l’influence dont jouissent les autres candidats.

Jon Cruddas

Secrétaire général adjoint du Parti travailliste sous Tony Blair, John Cruddas a fait office d’intermédiaire entre le Premier ministre et les syndicats après les élections de 1997. Deux ans plus tard, il a énergiquement défendu l’instauration d’un salaire minimum. Élu à la Chambre des communes, il a décliné plusieurs postes ministériels que lui a proposés Gordon Brown, afin de conserver son indépendance. S’il décide de se lancer dans la course à la direction du Parti travailliste, il pourrait bénéficier d’un large soutien de l’aile gauche de la formation.