Excédé par des retards dus au mauvais temps, le jeune Paul Chambers a déclaré, en janvier, sur Twitter, qu'il allait faire sauter l'aéroport de Doncaster (nord-est de l'Angleterre). Une mauvaise blague pour laquelle il vient d'être condamné.
Paul Chambers ne "twittera" probablement plus jamais sous le coup de la colère. En janvier, cet internaute britannique de 26 ans avait déclaré à ses 600 abonnés ("followers") qu’il entendait "faire sauter" l’aéroport de Doncaster (nord-est de l'Angleterre) fermé en raison de la neige. Le jeune homme est alors loin de s’imaginer que son message sera pris au sérieux. Cinq mois plus tard, il est condamné à une amende de 1 000 livres (1 163 euros).
Lundi, le tribunal de première instance de Doncaster a estimé que Paul Chambers s'était rendu coupable de la publication d'un "message à caractère menaçant". Il a été condamné en vertu d'une loi sur les communications datant de 2003. Une époque où Twitter n’existait pas encore.
Le "tweet" en question avait été repéré par un salarié de l’aéroport Robin-Hood de Doncaster. Alerté, le chef de la sécurité avait jugé ce message "peu crédible" mais l’avait toutefois fait parvenir à la section antiterroriste de la police britannique. Le début des problèmes pour le jeune Britannique.
Les autorités estiment que l'auteur du gazouillis quelque peu comminatoire mérite qu’on s’intéresse de plus près à son cas. Paul Chambers est alors mis en garde à vue. Son ordinateur portable, son ordinateur de bureau sont saisis en vertu des lois britanniques de lutte contre le terrorisme. Dans l’attente de son procès, le twitternaute est relâché fin janvier après avoir payé sa caution.
Dépassé par les événements
Devant le juge, Paul Chambers a paru, selon le quotidien britannique "Telegraph", un peu dépassé par les événements. Il a avoué "que l’idée qu'un salarié de l’aéroport tombe sur son message alors qu’environ 600 'tweets' sont postés toutes les secondes" ne lui avait pas traversé l’esprit. Son avocat a tenté de plaider que ce genre de langage était commun sur des messageries comme Twitter et que sa mauvaise blague n’avait eu "aucun impact opérationnel" sur le fonctionnement de l’aéroport de Doncaster.
Mais, pour le magistrat, ce "dérapage" est "de nature menaçante dans le contexte dans lequel nous vivons". Il a, en outre, rajouté que l'accusé devait "être conscient de la nature menaçante de ce message".
Depuis, Paul Chambers a également perdu son travail. Un retour de bâton pour quelqu’un qui, à l’origine, voulait simplement prendre l’avion pour "retrouver une fille qu’il avait rencontrée sur... Twitter". Peu après l’énoncé du verdict, il a ironiquement remercié sur sa page Twitter les autorités britanniques "pour s’être donné autant de mal à détruire la vie d’un citoyen ordinaire britannique". Paul Chambers envisage de faire appel.