logo

Imposer le plan d'austérité aux administrations régionales, ou le défi de Zapatero

Le plan d'austérité promis par l'Espagne pour réduire son déficit public d'ici 2013 risque d'être mal accueilli par les administrations locales, fiscalement indépendantes. Depuis l'éclatement de la bulle immobilière, elles accumulent les impayés.

José Maria Solis a construit un musée en 2007 à Morata de Tajuna, une petite localité située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Madrid. Les travaux, commandés par l’administration espagnole et achevés juste avant l’éclatement de la bulle immobilière, n’ont jamais été payés à cet entrepreneur dans le bâtiment.

"Deux mairies me doivent toujours beaucoup d’argent, déplore José Maria Solis. Celle de Loeches, pas très loin d’ici, me doit 240 000 euros. Et la mairie de Morata me doit encore 60 000 euros."

À l’époque du boom économique de l’Espagne au début des années 2000, les administrations locales bénéficiaient de subventions, mais aussi d’impôts locaux prélevés sur les constructeurs. Mais la crise de l’immobilier a provoqué une réaction en chaîne, et aujourd’hui les administrations sont minées par les déficits, à tous les niveaux de gouvernance.

En passant en revues ses factures, José Maria Solis fait le point. "Le 30 avril, la mairie m’a fait un chèque de 5.000 euros, précise l’entrepreneur. Ils payent au compte-goutte, ils disent que les caisses sont vides".

En 2009, le déficit public de l’Espagne a atteint 11,2 % du PIB, soit presque le quadruple du montant autorisé par le pacte de stabilité européen. À la Bourse de Madrid, les investisseurs mettent la pression sur le gouvernement du Premier ministre José Luis Zapatero qui doit résoudre un véritable casse-tête : imposer l’austérité à un État où la fiscalité est complexe et décentralisée.

"En Espagne il y a 17 régions autonomes qui se sont vues accorder beaucoup de compétences en terme de fiscalité, explique Paul Mielgo, analyste du groupe Intereconomia. Ces grandes régions sont aujourd’hui gouvernées par partis politiques adverses."

Le gouvernement espagnol doit trouver rapidement un consensus, car l’indice IBEX 35, qui rassemble les 35 plus grosses entreprises espagnoles, a chuté de 13,6 % dans la semaine du 3 au 8 mai, réalisant sa plus grosse perte depuis la faillite de Lehman Brothers en automne 2008.