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Le Parti conservateur a remporté sa première victoire électorale depuis 1992 lors des législatives du 6 mai, sans toutefois obtenir une majorité absolue. David Cameron se dit prêt à un accord avec les "lib-dem", troisième force politique.
Résultats définitifs portant sur 649 des 650 sièges*, le 7 mai à 16h30 (heure de Londres).
Parti conservateur : 306 sièges (+98), soit 36,1 % des voix
Parti travailliste : 258 sièges (-91), soit 29 % des voix
Libéraux-démocrates : 57 sièges (-5), soit 23 % des voix
* Le vote a été reporté au 27 mai dans l'une des circonscriptions.
Selon les résultats complets publiés en fin d'après-midi, les conservateurs britanniques emmenés par David Cameron remportent les élections législatives du 6 mai avec 306 sièges sur 649 - au lieu de 650, l'élection ayant été reportée dans une circonscription. Les Tories remportent donc leur première victoire électorale depuis 1992, mais n'obtiennent pas la majorité absolue.
Les travaillistes de Gordon Brown remportent 258 sièges et le parti libéral-démocrate de Nick Clegg en obtient 57. Les autres formations se partagent les sièges restant.
L'absence de majorité absolue donne naissance au premier "hung parliament" (littéralement "Parlement suspendu", c'est-à-dire sans majorité absolue) depuis 1974 et ouvre une période d'incertitude constitutionnelle au Royaume-Uni.
Les "lib-dem" au centre de toutes les attentions
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David Cameron et Gordon Brown ont tous deux commencé à courtiser le Parti libéral démocrate afin d'essayer de former une coalition.
Malgré un score "décevant" au regard de l'engouement suscité par Nick Clegg lors des débats télévisés, la troisième force politique britannique se retrouve bien au centre de toutes les attentions. Son chef de file a créé la surprise, vendredi matin, en laissant entendre qu'il était prêt à négocier, en premier lieu, avec les conservateurs. "Je pense que c'est au Parti conservateur de prouver qu'il est en mesure de former un gouvernement, dans l'intérêt national", a-t-il déclaré.
En réponse, le leader des conservateurs, David Cameron, a assuré être prêt à offrir un accord "large, ouvert et global" de partage du pouvoir aux libéraux démocrates. "Je veux que nous travaillions ensemble pour résoudre les problèmes importants et urgents de notre pays", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse, cet après-midi. Il s'est également dit prêt à négocier sur les questions de la réforme du système électoral, réclamée par les "lib-dem", et sur celle de la réforme fiscale.
David Cameron n'exclut toutefois pas la possibilité de diriger un gouvernement minoritaire. Sur certains points, son parti entend camper sur ses positions, quitte à ne pas former de coalition. Les Tories excluent par exemple toute adoption de l'euro, alors que les libéraux démocrates en font un objectif à long terme.
Brown n'a pas concédé la défaite
De son côté, Gordon Brown s'est lui aussi dit prêt à négocier avec les libéraux démocrates, au cas où les discussions entre Cameron et Clegg n'aboutiraient pas. "Je comprends et je respecte totalement la position de Nick Clegg", qui souhaite discuter en premier lieu avec les conservateurs, a déclaré Gordon Brown sur le perron du 10
itDowning Street. "Si les discussions devaient échouer, alors bien sûr je serais disposé à discuter avec Nick Clegg des thèmes sur lesquels la conclusion d'une entente pourrait être possible entre nos deux partis", a-t-il ajouté, citant "la poursuite de la stabilité économique" et "des réformes politiques radicales".
Le Labour, qui disposait de 345 sièges dans la chambre sortante, essuie sa plus cuisante défaite depuis 1983.
Selon les conventions qui régissent le fonctionnement des institutions britanniques en cas de "Parlement suspendu" - le pays n'a pas de Constitution écrite -, le Premier ministre sortant, en l'occurrence Gordon Brown, doit, en premier lieu, tenter de former un gouvernement. Il peut cependant y renoncer et démissionner. Mais Brown refuse pour l'instant de se déclarer vaincu. Il s'est dit prêt à "jouer [son] rôle pour que la Grande-Bretagne ait un gouvernement fort et stable".
L'ouverture officielle du nouveau Parlement est fixée au 25 mai. Les partis ont donc 18 jours pour tenter de s'entendre et pour déterminer qui, des conservateurs ou des travaillistes, vont gouverner. Dans le cas contraire, de nouvelles élections pourraient être organisées.
Un scrutin émaillé d'incidents
La commission électorale britannique a ouvert une enquête sur une série d'incidents qui ont émaillé le scrutin. Alors que la participation a atteint 65 %, un résultat en hausse de 4 points par rapport à 2005, plusieurs centaines d'électeurs n'ont pas pu voter à cause de la longueur des files d'attente devant certains bureaux de vote.
La police a dû être appelée en renfort dans plusieurs bureaux de vote de la capitale où des électeurs n'ayant pas pu déposer leur bulletin dans l'urne refusaient de quitter les lieux.
"Il est très inquiétant que beaucoup de gens qui voulaient voter n'aient pu le faire avant la clôture du scrutin, a indiqué la commission électorale dans un communiqué. Des effectifs suffisants auraient dû être mobilisés pour faire en sorte que ceux qui souhaitaient voter puissent le faire."
Les représentants des trois principaux partis du pays se sont dit préoccupés par ces incidents.