Il y a un an, le tribunal spécial pour le Liban, chargé principalement de juger les assassins du premier ministre Rafic Hariri, a entamé ses audiences. Depuis, silence de la part du TSL alors que l'impatience du côté de la population libanaise commence à se faire sentir.
Le Tribunal Spécial pour le Liban, chargé de juger les assassins de l’ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri, tué en février 2005, a entamé ses travaux il y a plus d’un an à la Haye. Mais alors que quelques mois après l’attentat, une première commission d’enquête internationale avait indiqué qu’"un faisceau de preuves conduit à l’implication tant du Liban que de la Syrie", le tribunal n’a pour l’instant émis aucun acte d’accusation.
Au Liban, la population commence à s’impatienter et surtout, elle s’inquiète. Selon des journalistes qui affirment avoir bénéficié de fuites émanant de l’enquête, des membres du Hezbollah, pourraient être impliqués dans le crime. Une éventuelle mise en cause du parti chiite, pilier de l’opposition libanaise, soutenu par l’Iran et la Syrie, pourrait raviver les tensions dans un pays aux équilibres toujours fragiles.
La porte-parole du Tribunal Spécial pour le Liban, Fatima El Issawi, refuse de s’exprimer sur l’enquête mais elle affirme qu’il n’y a rien d’anormal à ce qu’aucun acte d’accusation n’ait encore été émis. Selon elle, "il faut faire la différence entre les commissions d’enquêtes internationales et le bureau du procureur, chargé d’apporter des preuves". Il s’agirait en outre d’un crime particulièrement complexe.
L’enquête est menée dans le plus grand secret mais les rumeurs se multiplient. Un certain nombre de médias ont affirmé ces derniers mois que des membres du Hezbollah pourraient être impliqués dans le crime. Récemment, le Secrétaire Général du parti de Dieu, Hassan Nasrallah, a réfuté des accusations qu’il a qualifiées de "politiques et médiatiques", tout en reconnaissant que des membres du Hezbollah avaient été convoqués par le bureau du procureur en tant que témoins.
S’il ne s’agit que de rumeurs, ces rumeurs inquiètent la population libanaise. Rafic Hariri était sunnite. Le Hezbollah est chiite. Or les relations entre ces deux communautés confessionnelles sont déjà tendues. En mai 2008 notamment, des affrontements armés entre sunnites et chiites avaient fait plusieurs dizaines de morts dans l’ensemble du pays.
Pour les juristes libanais, il est impératif d’éviter les amalgames. "Le tribunal n’est pas là pour condamner des personnes morales mais pour juger des personnes physiques qui seraient responsables directement de l’assassinat du président Hariri ", explique notamment le père Fady Fadel, avocat.
Tous les experts répètent également que le Tribunal ne doit pas être perçu comme un organe politique mais comme une institution indépendante ayant pour seul but de juger les assassins de Rafic Hariri. Ils estiment aussi que malgré la lenteur de l’enquête et quelqu’en soit les résultats, le processus ira jusqu’au bout.
Emission préparée par Molly Hall, Kate Williams et Charlotte Oberti.