Le 22 avril, le Premier ministre belge, Yves Leterme, présentait au roi la démission de son gouvernement. À l'origine de la crise : un énième conflit entre francophones et Flamands qui risque de compromettre l'avenir de la Belgique...
Nouvelle crise politique en Belgique. Le premier ministre, Yves Leterme, a présenté sa démission au Roi Albert II, jeudi 22 avril. C’est le retrait du parti libéral flamand, Open VLD, de la coalition gouvernementale qui a poussé Yves Leterme à remettre sa démission, moins de six mois après sa prise de fonction. Les partis flamands souhaitent la scission du BHV, la circonscription électorale et arrondissement judicaire bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde, entre francophones et néerlandophones.
C’est une nouvelle crise structurelle comme la Belgique en a déjà connu plusieurs. Le problème réside dans le découpage du pays en trois régions linguistiques en 1970 : francophone (vert), néerlandophone (rose) et bilingue (BHV). Les habitants des régions néerlandophones ne peuvent voter que pour les partis flamands. Inversement, en région francophone, on ne peut voter que pour des partis francophones.
Seule exception, Bruxelles-Hal-Vilvorde. Les habitants de la circonscription peuvent voter, indifféremment, pour les partis francophones et néerlandophones. C’est une dérogation exceptionnelle. Or, la circonscription se situe géographiquement en région flamande. Résultats, des maires francophones ont pu être élus en Flandres en 2006, mais ils n’ont toujours pas été nommés.
Les partis flamands veulent mettre fin à cette situation. Ils ne contestent pas le statut bilingue de la capitale. En revanche, ils veulent mettre un terme aux privilèges dont jouissent les francophones qui habitent en périphérie. C’est bien la scission de l’arrondissement qu’ils réclament : Bruxelles demeurerait bilingue, le reste redeviendrait à 100% néerlandophone. Les 100 000 francophones qui y vivent ne pourraient dès lors plus voter que pour des partis flamands.
Les partis francophones s’y sont toujours opposés, mais avaient accepté le principe d’une négociation sur la base d’un rapport rédigé par Jean-Luc Dehaene, le commissaire royal chargé des réformes institutionnelles et ancien premier ministre. Celui-ci avait renoncé à sa mission mardi, Yves Leterme récupérant la responsabilité du dossier. Mais l’Open VLD a quitté la coalition jeudi, en évoquant une crise de confiance.
Le problème reste donc entier. Le roi repousse le moment où il devra accepter la démission d’Yves Leterme, en espérant que le gouvernement trouve un accord sur les réformes avant. S’il n’y parvient pas et qu’Albert II doit accepter la démission de son premier ministre, la Chambre des députés sera dissoute. Des élections seraient alors convoquées au mois de juin, alors que la Belgique prend la présidence tournante de l’Union européenne le 1er juillet.