La Russie, les États-Unis et le Kazakhstan sont parvenus à un accord entre le gouvernement intérimaire du Kirghizstan et le président déchu Bakiev pour que celui-ci quitte le pays. Renversé la semaine dernière, il se trouve désormais au Kazakhstan.
REUTERS - Le président kirghize déchu, Kourmanbek Bakiev, a démissionné et quitté son pays à destination du Kazakhstan, une semaine après les émeutes qui ont porté l'opposition au pouvoir.
Il a signé sa lettre de démission, a dit un membre du gouvernement intérimaire ayant requis l'anonymat. L'information sur son départ, d'abord rapportée par la presse russe, a été confirmée par un de ses collaborateurs, joint par Reuters. "Le président kirghize a pris l'avion pour le Kazakhstan, où il mènera des négociations en vue d'un règlement de la crise", a déclaré Ravchane Djamguirchiev.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), présidée par le Kazakhstan, a confirmé la nouvelle. "Ce développement est un pas important vers la stabilisation de la situation, le retour à l'état de droit et dans la prévention de la guerre civile au Kirghizstan", dit-elle dans un communiqué.
Kourmanbek Bakiev, qui avait quitté Bichkek lors des émeutes du 7 avril, était retranché dans son fief du Sud. L'incertitude liée à son sort alimentait les craintes d'un embrasement.
Le gouvernement intérimaire mis sur pied après son départ a promis de le traduire en justice pour son rôle dans la répression du soulèvement, qui a fait 84 morts, mais aurait en parallèle entamé des négociations en vue de son départ en exil.
L'ex-chef de l'Etat s'était quant à lui dit prêt à démissionner et à quitter le pays en échange de garanties sur sa sécurité et celle de ses proches. Faisant état jeudi d'un
document garantissant sa sécurité signé par Roza Otounbaïeva, qui est à la tête du gouvernement intérimaire, il avait estimé que la situation "s'éclaircira dans un jour ou deux".
"Bandits"
Il s'était exprimé devant la presse après avoir été contraint d'interrompre un discours à Och, dans le Sud.
Sous la pression d'un millier d'opposants, une vingtaine de ses gardes du corps armés de Kalachnikov ont tiré en l'air avant de l'escorter jusqu'à sa jeep, ont rapporté un photographe et un caméraman de Reuters.
Accusant les autorités locales de "provocations", un conseiller de Bakiev joint par téléphone a assuré qu'il était indemne et avait quitté la région d'Och.
"Quand nous avons entamé notre meeting, leurs bandits ont commencé à lancer des pierres et une grave menace a pesé sur la vie de la personne placée sous protection", a-t-il poursuivi.
Och, deuxième ville du pays, se trouve dans la vallée de la Ferghana, foyer de tensions tribales et ethniques au coeur de l'Asie centrale, qui a connu des troubles sanglants dans les dernières années de l'Union soviétique.
Avant les derniers développements, Roza Otounbaïeva avait accusé Bakiev de "pousser le pays vers la guerre civile".
La crise politique au Kirghizistan a suscité l'inquiétude des Etats-Unis et de la Russie qui disposent tous deux d'une base aérienne au Kirghizistan.
Washington a dépêché le secrétaire d'Etat adjoint Robert Blake, qui a assuré jeudi les nouvelles autorités du soutien des Etats-Unis. "Nous réfléchissons à de nouvelles mesures d'aide", a-t-il déclaré à Bichkek.
L'administration Obama, a-t-il poursuivi, pourrait revoir certains contrats concernant l'approvisionnement en carburant de la base de Manas, important point d'appui logistique des forces étrangères déployées en Afghanistan.
Le gouvernement intérimaire accuse Bakiev et ses proches d'avoir détourné une part des bénéfices tirés de ces contrats. "Les Etats-Unis estiment que le gouvernement provisoire dispose d'une chance unique et historique de créer une démocratie qui pourrait être un modèle pour l'Asie centrale", a souligné le diplomate américain.
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, s'est pour sa part entretenu mercredi soir avec l'ex-président, rapporte sans plus de détail l'agence Interfax.