Le Conseil d’orientation des retraites (COR) publie aujourd'hui ses prévisions financières. Un scénario catastrophe se dessine : jusqu’à 115 milliards d’euros de déficit annuel en 2050. Mais les chiffres avancés sont déjà critiqués de toute part.
Les chiffres ne vont pas calmer les esprits alors que la consultation sur la réforme des retraites vient tout juste de commencer. Alors que le Conseil d’orientation des retraites (COR) doit présenter aujourd’hui ses prévisions sur l’avenir du système, des fuites dans "Le Monde" et à l’AFP ont révélé ses conclusions qui ont déjà suscité pas mal de remous. D'autant plus que le document doit servir de base de travail pour les négociations en cours.
L’organisme doit soumettre au gouvernement trois scénarios d’évolution d’ici à 2050 et l’avenir s’annonce pour le moins sombre. Dans son hypothèse la plus optimiste, le COR prévoit que les besoins annuels des régimes des retraites s’élèveraient à 72 milliards d’euros. Mais l'ardoise pourrait monter jusqu'à115 milliards par an. Les variations dépendent du taux de chômage estimé au mieux à 4,5 %, et de la productivité du travail. A l’horizon moins lointain de 2020, il faudrait mettre entre 40 et 49 milliards d’euros au pot des retraites pour le maintenir à flot.
"Peu réaliste" ou "aléatoire" ?
Des prévisions d’autant plus alarmistes qu’il y a trois ans, avant la crise économique, ce même COR avait évalué les besoins à 24,8 milliards d’euros en 2020 et 68,8 milliards d’euros en 2050.
Si ces conclusions amènent de l’eau au moulin du gouvernement dans son intention de réformer le système de retraite français avec un projet de loi voulu pour cet automne, elles sont d’ores et déjà critiquées aussi bien par le patronat que par les syndicats. Laurence Parisot, la présidente du Medef, a ainsi jugé les prévisions "peu réalistes" lors de sa conférence de presse mensuelle mardi. Elle trouve absurde que les deux scénarios les plus optimistes se basent "sur un taux de chômage à l’horizon 2020-2021 égal au plein emploi" et s’inquiète de ce que "les choix du COR ne vont pas d'emblée pénaliser la crédibilité de la réflexion sur le sujet".
De son côté, Bernard Thibault, secrétaire générale de la CGT, a qualifié ces projections d’ "aléatoire", mardi sur l'antenne de France Info. Le dirigeant syndical a comparé en substance le travail du COR à des prévisions à la madame Soleil : "Si on avait demandé en 1970 aux responsables de dire ce serait la situation 40 ans plus tard, ils auraient été bien incapable de le faire."