L’affaire qui avait jeté l’opprobre sur les plus grands clubs italiens refait surface. La défense du principal protagoniste, l’ancien directeur général de la Juventus Luciano Moggi, a réussi à mouiller l’Inter Milan, épargnée jusqu'à présent.
Nouveau rebondissement dans le "Calciopoli". Quatre ans après un procès qui avait dévoilé l’existence de matchs truqués en Italie, l’affaire fait son retour dans l’actualité transalpine.
La défense du principal accusé, l’ancien directeur général de la Juventus de Turin, Luciano Moggi, a révélé aujourd’hui au parquet de Naples l'existence de nouvelles écoutes téléphoniques. Celles-ci impliquent, entre autre, l'Inter Milan, sortie blanchie de ce tsunami médiatico-sportif décrit minutieusement par la Gazzetta dello Sport.
Retour en mai 2006. La presse italienne publie des écoutes téléphoniques qui remontent à la période 2004-2005. Dans l'une d'elles, on reconnaît la voix de Luciano Moggi ainsi que celle de Pierluigi Pairetto, sélectionneur des arbitres du championnat italien. Lors de ces échanges, Moggi donnait ses instructions pour la désignation des arbitres pour les matchs de son équipe.
Luciano Moggi au cœur du procès
Le dossier fait tâche d'huile et révèle au grand jour des dizaines de matchs arrangés, compromettant 39 personnes dont des arbitres, des présidents et des directeurs de clubs... L’affaire est saisie par la commission disciplinaire du football italien.
Le résultat du procès est sans appel pour la Juventus, championne de la saison 2005-2006. Destituée de son titre, la Vieille Dame est reléguée en Serie B avec 30 points de pénalités, finalement réduits à 9. D’autres clubs sont également sanctionnés comme la Fiorentina, le Milan AC, la Lazio Rome, l’Arezzo et la Reggina. Moggi, lui, est radié de la Fédération pour cinq ans.
Cette conversation entre Giacinto Facchetti, ex-président de l'Inter aujourd'hui décédé, et Paolo Bergamo, ex-sélectionneur des arbitres du championnat italien, s'est déroulée en 2005, avant le match opposant l’Inter Milan à la Sampdoria de Gênes. La rencontre, arbitrée par Paolo Bertini, fut remportée par les Milanais 3-2. Ils avaient été menés 0-2. Extraits.
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Facchetti : ”Allô Paolo ? C’est Facchetti.”
Bergamo : “Bonjours Giacinto.”
Facchetti : “Je suis en train d’aller au stade et j’ai dit aux miens d’avoir avec Bertini un certain tact, une certaine disponibilité. Je l’ai dit aux joueurs, avec Mancini et les autres.”
Bergamo : “Tu verras que cela va être un beau match.”
Facchetti : “Très bien.”
Bergamo : “Il est prédisposé [l’arbitre Bertini, NDLR] à faire un bon match ?”
Facchetti : “Oui, oui, très bien.”
Bergamo : “Tu verras, c’est un match qu’on gagnera ensemble.”
Facchetti : “Je voulais seulement te dire que je l’ai fait.” [référence au discours tenu à ses joueurs de respecter l’arbitre, NDLR]
Bergamo : “Tu verras que les choses iront dans la bonne voie, puis l’équipe commence à avoir confiance en elle, à faire des résultats, ça donne du moral.”
L’Inter rattrapée
Dans ce dernier acte, les avocats de Moggi ont voulu mouiller l’Inter Milan, le seul club jusque là épargné de toutes attaques. Ces derniers ont présenté 75 nouvelles conversations compromettantes, qui n'avaient pas encore été entendues, entre des représentants du corps arbitral, Massimo Moratti et Giacinto Facchetti, l’actuel et l’ancien président de l'Inter mort en 2006.
A l'issue de cette dernière audience, les représentants du ministère public ont donné raison à la défense et ont autorisé l'examen de ces nouvelles pièces par le Tribunal, qui décidera le 20 avril prochain s’il donne ou non une suite favorable à la demande des avocats de la défense. Lors de cette prochaine audience, Carlo Ancelotti, ex-entraîneur de l'AC Milan, aujourd'hui aux commandes de Chelsea, en Angleterre, sera entendu comme témoin.
Regardez les extraits du procès sur le site de la Gazzetta dello Sport.