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La petite ville de Montcoal, en Virginie occidentale, est en deuil après la mort, lundi, de 25 mineurs dans un accident. Une équipe de France 24 s'est rendue sur place et a pu interroger des proches des disparus.

AFP - Ils ont construit leur vie en extrayant du charbon, mais la mine leur a pris un père ou un ami. Les habitants de Montcoal (Etats-Unis), où un accident a tué 25 personnes, pleuraient leurs disparus avec fatalisme mardi, conscients que la mort fait partie du métier.

La route qui mène à la mine d'Upper Big Branch serpente dans des montagnes d'où jaillissent ici et là de grandes arêtes métalliques, qui servent au transport du charbon.

L'économie de la Virginie Occidentale (est) dépend du charbon et la mine est partout dans cet Etat parcouru par les Appalaches. Des familles entières se sont construites génération après génération en allant extraire la houille des entrailles du sol.

Alors quand un accident tue des mineurs, la communauté tout entière est affectée.

"Priez pour nos mineurs", peut-on lire sur une pancarte installée devant une petite église à proximité de la mine. Comme la plupart des maisons aux alentours, l'édifice est modeste, pour ne pas dire décrépit: quatre murs en bois, quelques rangées de bancs.

"On laisse la porte de l'église ouverte pour ceux qui veulent venir prier", explique le pasteur, Tobie Hilderbrand.

"Il y a d'autres églises le long de la rivière qui restent ouvertes également. On fait ce qu'on peut pour aider les familles. Ce qui est arrivé nous brise le coeur", ajoute-t-il. "La plupart des gens n'arrivent pas à croire ce qui s'est passé. On a perdu tellement de types biens".

C'est au fond des sombres galeries, entre les berlines de charbon, que naît d'abord cette solidarité.

"Vous formez une sorte de camaraderie quand vous travaillez dans de telles circonstances, avec le même équipement", explique Mike Rosenbaum, un mineur syndicaliste. "Tout le monde est anéanti, ajoute-t-il. C'est une tragédie".

D'une manière ou d'une autre, tous les habitants de la région ont un lien avec la mine, observe le pasteur. Lui-même travaille dans une centrale électrique qui fonctionne au charbon.

"La mine, c'est une façon de vivre pour nombre d'entre nous", dit le pasteur. "Les salaires sont décents, même si ça pourrait être un peu mieux payé étant donné les risques. Mais les gens qui n'aiment pas la mine, ils s'en vont ailleurs".

Les autres doivent alors accepter de vivre avec l'inévitable: l'accident, qui tue chaque année de nombreux mineurs.

"C'est un des métiers les plus dangereux, vous savez. L'accident, c'est avec vous en permanence", remarque Karl Anderson, 59 ans, un mineur d'Upper Big Branch, debout sur le perron de sa maison étroite et basse, à pleine plus grande qu'une roulotte.

"Tout peut arriver quand vous travaillez sous terre", poursuit-il, tout en se félicitant de ne jamais avoir été blessé.

"J'ai perdu un paquet de bons copains dans l'accident", confie-t-il, la voix entrecoupée de sanglots. Pour autant, Karl ne craint pas de retourner travailler. Après plus de 30 ans passés à creuser la terre, la peur l'a quitté depuis belle lurette.

En fin de journée, plusieurs services religieux exceptionnels ont eu lieu à Montcoal et dans les villes avoisinantes en hommage aux victimes. Autre trait d'union entre les habitants, la religion est omniprésente dans ces montagnes de Virginie occidentale et les églises foisonnent le long des routes.

"Les gens viennent pour essayer d'avoir des informations ou simplement pour parler parce que tout le monde se connaît ici", remarque Ina Williams, femme du pasteur d'une église de Whitesville "et parce que tout le monde se serre les coudes".
 

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