Par blogs et réseaux sociaux interposés, internautes républicains et démocrates s'affrontent à propos de la réforme du système américain de santé. Ils s'interrogent aussi sur la provenance du cri "Tueur de bébés" lors d'un discours au Congrès.
La réforme de la couverture santé, adoptée lundi par la Chambre des représentants, anime largement la blogosphère américaine et les réseaux sociaux sur Internet.
Avec 219 votes, soit seulement trois de plus que la majorité requise pour que la loi soit adoptée, la victoire du projet cher à Barack Obama devant le Parlement a été soulignée sobrement par la Maison Blanche. Dans un email envoyé à ses partisans quelques heures après le scrutin, le président des États-Unis a fait part de sa "gratitude profonde" aux "membres du Congrès dont les mois d'efforts et les votes courageux ont rendu possible cette étape finale".
Parmi les discussions sur le Web, des utilisateurs de Twitter se demandent qui a bien pu lancer "Tueur de bébés !", lors de l'intervention du démocrate Bart Stupak.
Négociations avec les "pro-life"
Dirigeant du mouvement "Démocrates pro-vie" opposé à l'avortement, ce dernier s'était opposé à cette réforme santé, craignant qu'elle n'autorise l'argent public à financer les IVG. Mais après que Barack Obama a indiqué qu'il n'en serait rien, Bart Stupak s'est rallié au vote en faveur du texte.
Lundi, alors qu'il a été interrompu lors de sa prise de parole devant la Chambre des représentants, la personne ayant lancé le cri accusateur n'a pu être identifiée. "Qui a crié ?", ont alors demandé à voix haute plusieurs représentants. Hébergeant une vidéo de l'incident, le site américain Politico affirme que la remarque est partie des rangs républicains.
En septembre dernier, un incident similaire avait déjà interrompu un discours de Barack Obama devant le Congrès. S'écriant "Menteur !", le républicain Joe Wilson s'était plus tard excusé pour son intervention "inappropriée et regrettable".
La réforme vue par les non-Américains
Vue depuis l'étranger, l'adoption de la réforme de santé américaine est considérée sur Internet comme une progression cruciale mais tardive. L'Amérique fait "un pas de plus vers les pays civilisés", plaisantent plusieurs utilisateurs non-Américains de Twitter. Les États-Unis sont cependant le "dernier pays industrialisé à offrir à [leur] population une couverture universelle d'assurance-maladie", rappelle le site Rue89.
On assiste à "un combat politique pour ce qui est déjà établi depuis longtemps en Europe", constate sur Twitter un internaute allemand. Reste que la victoire est "historique, la détermination de Barack Obama aura été la clé", peut-on lire chez un utilisateur français du site de microblogging.
"Quel impact aura cette réforme sur les entreprises ? Beaucoup ont peur", s'inquiète pour sa part un habitant de San Francisco . Sur le blog de la Maison Blanche, Macon Phillips, directeur des nouveaux médias de la présidence, répond que, grâce à cette réforme, "la concurrence offrira aux petites entreprises des couvertures santé à taux raisonnables".
Les craintes des républicains
Rush Limbaugh, l'animateur radio républicain le plus écouté aux États-Unis, se retrouve piégé par ce vote réussi pour les démocrates. "Je quitte le pays si ce texte passe", avait-il lancé le 8 mars dernier lors de son émission. Aujourd'hui, de nombreux démocrates lui rappellent son pari...
En bloc, les républicains se sont opposés - en vain - au projet de réforme. "Pas un seul n'a voté en faveur du texte", note un utilisateur de Twitter depuis Hawaï. "C'est la fin du 'conservatisme compassionnel'" visant au bien-être de la société, ajoute-t-il. Les républicains ont juré de tout faire pour "tuer le projet de réforme" ("Kill the bill"), détournant ainsi le titre du célèbre film "Kill Bill" de Quentin Tarantino. "L'avenir du rêve américain est désormais en plein doute", s'alarme sur le site Politico deux de leurs représentants, Michele Bachmann et Steve King.
Le camp républicain craint surtout de voir la portée politique de ce texte s'envoler. Car "cette réforme pourrait un jour se révéler n'être qu'une étape vers un système d'assurance santé exclusivement public", comme c'est actuellement le cas au Royaume-Uni, au Canada ou encore en Australie, écrit le site Slate.
Le changement, leitmotiv de la campagne de Barack Obama au cours de la campagne pour la présidentielle de 2008, est-il en train de saisir les États-Unis ? "Voilà à quoi ressemble le changement", affirme en tout cas le dernier article du blog de la Maison Blanche.