À la veille d'une marche organisée à Lomé, l'Union des forces de changement (UFC), principal parti d'opposition dirigé par Jean-Pierre Fabre, semble peiner à mobiliser contre l'annonce de la victoire du président sortant Faure Gnassingbé.
AFP - Le principal parti d'opposition du Togo semblait peiner lundi à mobiliser son électorat, à la veille d'une marche et d'un meeting organisés à Lomé pour protester contre l'annonce de la victoire du président sortant Faure Gnassingbé à la présidentielle du 4 mars.
Les commerces et les administrations ont ouvert normalement dans la capitale togolaise, malgré les protestations ayant suivi la proclamation par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) d'une large victoire de Faure Gnassingbé face à son principal adversaire Jean-Pierre Fabre (60,92% des voix contre 33,94%).
Cependant, dans le quartier Hedzeranawoé, le responsable d’une école primaire privée a expliqué à l’AFP qu’il demanderait à ses élèves de "rester chez eux mardi", au moment de la marche de l’opposition.
Dimanche soir, l’Union des forces du changement (UFC) et trois autres partis d'opposition ont appelé à une marche suivie d’un meeting, mardi, "pour protester contre les résultats frauduleux du scrutin présidentiel", en réaffirmant que leur candidat était le véritable "président élu".
"Fabre mauvais perdant", titrait lundi l’hebdomadaire L’Eveil, reprenant la formule du porte-parole du gouvernement Pascal Bodjona. Ce journal reprochait au candidat de l’opposition de ne pas avoir de "preuves palpables" de fraudes.
De son côté, le journal Le flambeau des démocrates diagnostiquait une "démobilisation de l’électorat UFC", notamment en mémoire des violences post-électorales d’avril 2005 (400 à 500 morts selon l’ONU). "Ce n’est un secret pour personne que le peuple veut l’alternance", mais "les gens ont préféré rester chez eux au lieu d’aller voter", assurait ce journal.
Faure Gnassingbé n’a fait aucun commentaire depuis l’annonce de sa victoire, mais avait auparavant appelé à ne pas contester les résultats "par des actes de violence et revendications stériles".
Dans le centre et le nord du pays, le président sortant a conservé ce que la presse appelle les "fiefs traditionnels" du Rassemblement du peuple togolais (RPT), au pouvoir depuis quatre décennies.
Mais l’UFC est restée largement majoritaire dans la capitale dont les habitants disent généralement rejeter "la famille Gnassingbé", en faisant référence au règne sans partage du général Gnassingbé Eyadéma (1967-2005) puis au premier quinquennat de son fils (2005-2010).
Dès samedi, l’UFC avait annoncé qu'"à partir de ce jour, la lutte pour la prise du pouvoir sera quotidienne".
Mais le parti peine apparemment à mobiliser son électorat dans la rue.
Samedi et dimanche, seules quelques centaines de jeunes militants, avec Jean-Pierre Fabre à leur tête, avaient manifesté pacifiquement pour dénoncer "la misère" et réclamer le "changement". Ils avaient été immédiatement dispersés par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes.
Lundi matin, gendarmes et policiers ont installé des barrages dans les ruelles menant au siège du parti, a constaté l’AFP.
En outre, l'UFC semble tiraillée en interne puisque le vice-président de la Commission électorale, membre de ce parti, a validé l’élection.
"Nous n'avons pas trouvé d'éléments sur lesquels batailler pour prouver la fraude", avait assuré samedi à l’AFP ce responsable, Jean-Claude Howawoo.