Le créateur de l’iPhone accuse HTC de violer 20 brevets et espère même faire interdire la vente des téléphones du constructeur taiwanais aux Etats-Unis. Une menace pour Google qui travaille en partenariat avec HTC sur plusieurs smartphones.
Apple commencerait-il à trouver le souffle chaud de la concurrence un brin trop brûlant ? Le créateur de l’iPhone a, en tout cas, déposé une plainte, mardi, contre HTC, l’un de ses principaux concurrents sur le segment des smartphones. Il l’accuse de violer 20 de ses brevets.
Mais à travers la marque taïwanaise, il y a fort à parier que c’est Google qui est visé car la plupart des récents téléphones HTC sont équipés d’Android, le système d’exploitation du géant de l’Internet.
"Nous pouvons rester assis et regarder nos concurrents nous voler nos innovations, ou alors nous pouvons agir. Nous avons décidé d’agir", a affirmé dans un communiqué de presse Steve Jobs, PDG d’Apple. Si le groupe est engagé dans plusieurs affaires judiciaires relatives à des brevets, notamment contre Nokia, c’est la première fois que son charismatique patron se donne la peine de donner de la voix.
Démarche inédite
HTC a réagi quelques heures après le dépôt de la plainte et s’est dit "choqué" de n’avoir eu vent de l’action en justice que par "média interposé". Le constructeur n’a pas voulu commenter la plainte car il ne l’avait pas "encore reçue en main propre".
Pourtant, elle est bel et bien réelle et largement disponible en ligne. Elle concerne essentiellement des technologies relatives à l’interface utilisateur et à leur utilisation tactile. Apple l’a déposée devant les juridictions américaines et, c’est une première, devant l’ITC (la Commission internationale du commerce). Une démarche inédite qui démontre la volonté du groupe d’aller au combat. En effet, cet organisme dispose du pouvoir d’interdire la vente d’un produit sur le sol américain. En d’autres termes, si Apple gagne son procès, les smartphones HTC pourraient disparaître de ce marché stratégique.
Et Apple aurait alors réussi son coup de billard à plusieurs bandes. En effet, les smartphones d’HTC les plus en vogue actuellement, le Hero, le Nexus One ou encore le G1, sont tous des téléphones développés en partenariat avec Google. En 2008, son PDG, Eric Schmidt, avait même espéré qu’à terme 50% des revenus de son groupe proviennent du secteur des mobiles. Sans le marché américain, ce serait sûrement plus dur…
Mail de soutien
Google ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Alors qu’il n’est jamais cité nommément dans la plainte, le géant de l’Internet s’est donné la peine d’envoyer un mail à l’influent site technologique TechCrunch pour exprimer son soutien à "son partenaire" HTC.
La plainte intervient en tout cas tardivement. Cela fait près d’un an qu’HTC commercialise des téléphones sous Android. Mais les récentes études montrent que ces smartphones gagnent du terrain. En un an, la part des marchés de Google a progressé de 2,1%, contre seulement 1,2% pour l’iPhone, selon une étude de février 2010 du cabinet américain ComScore.
Cette plainte donne en tout cas une nouvelle résonance à la décision du PDG de Google, en août dernier, de quitter le conseil d’administration d’Apple : ces deux-là sont clairement en guerre.