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Orlando Zapata Tamayo est mort mardi après avoir observé une grève de la faim de 85 jours. Il purgeait une peine de 32 ans pour désordre à l’ordre public et désobéissance. Il militait au sein de d'associations pour la défense des droits de l’Homme.

Le prisonnier politique cubain Orlando Zapata Tamayo est mort en détention mardi. L’homme de 42 ans est décédé dans un hôpital de la Havane, des suites d’une grève de la faim de plus de deux mois et demi. Il est le premier dissident à mourir dans les geôles cubaines depuis 1972.

"La mort de mon fils est un assassinat. Ils [les autorités cubaines] ont obtenu ce qu'ils voulaient : en finir avec un défenseur des droits de l’Homme", s’insurge Reina Luisa Tamayo, la mère du prisonnier, dans les colonnes de "El Nuevo Herald", un quotidien hispanophone basé à Miami.

Maçon de profession, Orlando Zapata Tamayo était membre de deux organisations de défense des droits de l’Homme illégales à Cuba : le Mouvement alternatif républicain et le Comité de résistance civique. Il avait été arrêté en 2003 et condamné à 3 ans de prison pour "désordre public et désobéissance". En détention, Orlando avait été jugé coupable d’actes de défiance à l’égard du régime. Au moment de sa mort, il purgeait une peine de 32 ans de prison.

"L’arrivée de Raul Castro n’a rien changé"

Il avait cessé de s’alimenter le 3 décembre pour protester contre ses conditions de détention. Selon le bureau des droits de l’Homme du département d’Etat américain, le dissident était violemment et régulièrement frappé par les gardiens.

Pour Elizardo Sanchez, à la tête de la Commission pour les droits de l’Homme et la réconciliation nationale - une organisation basée à la Havane et décrétée illégale -, la réaction tardive des autorités cubaines est responsable de la mort du dissident. "C’est un assassinat prémédité, virtuel […]. Son décès est une grande tragédie pour sa famille et une très mauvaise nouvelle pour tous les mouvements des droits de l’Homme, mais aussi pour le gouvernement qui devra payer le prix politique de cette mort", a-t-elle déclaré mardi à l’AFP.

L’arrivée au pouvoir en 2008 de Raul Castro, le frère de Fidel, laissait espérer une libéralisation du pouvoir. "Il n’en est rien", affirme à france24.com Gerardo Ducos, chercheur à Amnesty International. "Il y a effectivement moins de procès politiques. Mais les arrestations, les intimidations et les détentions arbitraires continuent. Je dirais même qu’elles s’intensifient. Le pouvoir cubain continue de restreindre les libertés d’expression, d’association, de mouvement", ajoute-t-il.

Lettre ouverte à Raul Castro

Orlando avait été classé prisonnier de conscience par Amnesty International : il était privé de sa liberté du fait de ses conviction politiques et n’avait usé ni incité à la violence ou à la haine.

Le 15 février, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) publiaient une lettre ouverte à Raul Castro. Les deux organisations y exprimaient leur profonde préoccupation face "à l’état de santé du prisonnier politique Orlando Zapata Tamayo". Ils y dénonçaient également les "récents actes de violence commis contre les défenseurs des droits de l’Homme et des opposants politiques".

Le gouvernement cubain n’a jamais donné suite à cette lettre ouverte et n’a fait aucune déclaration après la mort du dissident.
 

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