Alors que deux manifestants ont été tués, lundi, à Daloa, la médiation du président burkinabè semble porter ses fruits. Un nouveau gouvernement devrait être nommé aujourd'hui, et la Commission électorale indépendante recomposée dans la semaine.
La crise politique en Côte d'Ivoire provoquée par la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI), le 12 février, pourrait se débloquer aujourd'hui, à la suite de la venue à Abidjan du médiateur Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso.
itÀ l'issue d’une réunion qui s’est tenue hier dans la capitale économique ivoirienne, le "facilitateur" a en effet annoncé qu’un accord avait été trouvé pour "recomposer", au cours de "cette semaine", la CEI chargée d’organiser le prochain scrutin présidentiel. De son côté, le Premier ministre, Guillaume Soro, a affirmé qu'un nouveau gouvernement, auquel l'opposition devrait participer, sera annoncé dans la journée. "Demain, j’annoncerai [la composition du] gouvernement de Côte d’Ivoire. Et aussitôt, nous tiendrons notre réunion du conseil des ministres", a-t-il déclaré à FRANCE 24, lundi.
"La situation a changé du tout au tout en 24 heures, explique Norbert Navarro, correspondant de RFI pour FRANCE 24 en Côte d'Ivoire. Sauf coup de théâtre, l'opposition devrait entrer dans un gouvernement composé de 27 ministères, contre 33 auparavant."
Lors de sa médiation, Blaise Compaoré a consulté les leaders de l'opposition, dont l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara. La formation d'un nouveau cabinet était bloquée, jusqu'à présent, par l'opposition, qui reprochait aux autorités la dissolution de la commission électorale. Le pouvoir accusait, en particulier, son ancien président, Robert Mambé Beugré, de "fraudes" aux listes électorales.
La CEI "quasiment identique à l'originale"
"Nous avons pu nous mettre d’accord sur le rétablissement de la CEI. Comme vous le savez, c’est notre principale requête, a déclaré Alassane Ouattara à FRANCE 24 après la médiation de lundi. La nouvelle commission pourra ainsi tenir sa première réunion dès le jeudi 25 février […]. Il y aura quelques changements, quelques aménagements concernant les personnes, notamment au niveau du président et des vice-présidents. Mais le plus important, c’est de se remettre au travail le plus rapidement possible et de mettre un terme au contentieux [...] pour nous permettre d’organiser le premier tour de l’élection présidentielle. Ceci pourrait se faire dès la fin avril, début mai."
Depuis la dissolution, par le président, du gouvernement et de la CEI, le 12 février, les manifestations sont presque quotidiennes dans le pays. Lundi, deux personnes ont encore été tuées à Daloa, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Le scrutin présidentiel ivoirien a été reporté à plusieurs reprises depuis que le mandat du président Laurent Gbagbo est arrivé à son terme, en 2005.