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Mohamed El-Baradei accueilli à bras ouverts par l'opposition égyptienne

L'ancien patron de l'AIEA et lauréat du prix Nobel de la paix 2005 est arrivé vendredi au Caire. Des centaines de militants de l'opposition, qui souhaitent le voir devenir le prochain président du pays, lui ont réservé un accueil triomphal.

AFP - Mohamed ElBaradei, ancien chef de l'AIEA, qui veut entamer une carrière politique en Egypte, est arrivé vendredi au Caire où des centaines de militants de l'opposition l'ont accueilli en chantant l'hymne national et en l'appelant à devenir président du pays.

L'ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la paix 2005 n'a fait aucune déclaration à sa sortie de l'aéroport, rendue difficile par la présence de nombreux partisans et de représentants de la presse, qui bloquaient la sortie du terminal d'arrivée.

Selon des témoins, entre 1.500 et 2.000 partisans venus de tout le pays avaient afflué à l'aéroport en dépit d'informations selon lesquelles les services de sécurité allaient empêcher tout rassemblement. Aucun incident n'a été signalé.

Arborant des drapeaux égyptiens et des portraits de M. ElBaradei, plusieurs centaines de militants de l'opposition ont scandé "ElBaradei va demander des comptes aux voleurs" ou "Oui à ElBaradei président de la République".

Plusieurs figures connues en Egypte, dont le romancier Alaa Aswani et un présentateur vedette de la télévision, Hamdi Kandil, ainsi qu'un dirigeant du mouvement d'opposition Kefaya, George Ishaq, se trouvaient également à l'aéroport.

M. Aswani a déclaré à l'AFP être venu saluer "une personnalité respectable qui veut lutter avec les Egyptiens pour la liberté et la démocratie".

Accueilli par des membres de sa famille, il a quitté l'aéroport pour une destination inconnue.

M. ElBaradei, 67 ans, a multiplié ces derniers mois les déclarations appelant à une démocratisation du régime du président Hosni Moubarak, en place depuis 29 ans.

Jeudi, il a réaffirmé sa détermination à faire tout ce qu'il peut "pour que l'Egypte avance vers la démocratie et le progrès économique et social".

"Je souhaite être un instrument pour le changement", a-t-il déclaré à la chaîne égyptienne privée Dream.

"Je suis prêt à me lancer dans la vie politique égyptienne, à condition qu'il y ait des élections libres et le premier pas dans cette direction est un amendement de la Constitution afin que je puisse me porter candidat (à la présidentielle en 2011) et que d'autres puissent faire de même", a-t-il expliqué.

La Constitution impose aux candidats indépendants d'obtenir l'appui de 250 élus, dont au moins 65 membres de l'Assemblée nationale, 25 du Conseil consultatif (Sénat) et au moins dix élus municipaux.

Cette option est pratiquement exclue dans le cas de M. ElBaradei en raison de la domination du parti au pouvoir, le Parti national démocratique (PND), sur le arlement et les municipalités.

Alors que la presse gouvernementale passait sous silence vendredi son retour, les journaux indépendants en faisaient leurs manchettes.

"Accueil extraordinaire pour ElBaradei", titrait le journal Al-Masri el-Yom, affirmant que les services de sécurité avaient mis au point un plan pour empêcher tout rassemblement à l'aéroport et que le PND pourrait y organiser une contre-manifestation.

Deux militants du Mouvement du 6 avril (opposition), Ahmed Maher et Amr Ali, ont été arrêtés mercredi alors qu'ils comptaient distribuer des tracts appelant à manifester pour son retour.

La perspective de voir M. ElBaradei jouer un rôle politique en Egypte avait amené le pouvoir à déclencher en décembre une violente campagne contre lui, le présentant comme étranger à son pays et incapable de gérer les affaires intérieures.

Hosni Moubarak achève en 2011 son cinquième mandat de six ans. Son fils Gamal, 44 ans, fréquemment cité pour lui succéder, se contente généralement de dire qu'il s'agit d'une "question hypothétique".
 

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