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Guinée-Bissau : le président "renversé", les militaires aux commandes, les élections suspendues
En Guinée-Bissau, des militaires ont annoncé mercredi avoir pris le "contrôle total du pays". Le président sortant, Umaro Sissoco Embalo, a été arrêté. Le pays attendait les résultats de la présidentielle et des législatives, le processus électoral a été suspendu.

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Des soldats armés patrouillent dans une rue près du palais présidentiel à Bissau, en Guinée-Bissau, le 26 novembre 2025. © Patrick Meinhardt, AFP
15:47

Des militaires ont annoncé, mercredi 26 novembre, avoir pris le "contrôle total du pays" alors que la Guinée-Bissau attendait les résultats des élections présidentielle et législatives de dimanche. Ils ont indiqué "suspendre le processus électoral" et fermer les frontières.

Lors d'un bref échange avec France 24, le président Umaro Sissoco Embalo a confirmé avoir été "renversé" et se trouver "actuellement à l’état-major".

Retrouvez les événements de la journée Guinée-Bissau : "J'ai été renversé" confirme à France 24 le président sortant Embalo

Ce petit pays côtier d'Afrique de l'Ouest situé entre le Sénégal et la Guinée (Conakry) a déjà connu quatre coups d'État et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance en 1974. Depuis 2020, l'Afrique de l'Ouest connait une série de coups d'État au Mali, Burkina, Niger et en Guinée-Conakry.

Le coup de force a eu lieu à la mi-journée, après que des tirs ont été entendus près du palais présidentiel dans la capitale Bissau et que des hommes en tenues militaires ont pris possession de la principale artère menant vers le palais.

Des centaines de personnes à pied ou dans des véhicules avaient alors fui la zone du palais présidentiel pour se mettre à l'abri tandis que des tirs nourris avaient retenti à plusieurs reprises.

En début d'après-midi, le général Denis N'Canha, chef de la maison militaire de la présidence, assis derrière une table et entouré de militaires armés, a annoncé à la presse au siège de l'état-major, qu'un "Haut commandement pour la restauration de l'ordre, composé de toutes les branches de l'armée" prenait "la direction du pays jusqu'à nouvel ordre".

Le président sortant Umaro Sissoco Embalo, qui était donné favori à la présidentielle de dimanche, est détenu mercredi "en prison à l'état-major" par des militaires et est "bien traité", a indiqué à l'AFP un officier de l'armée. Une autre source militaire a confirmé à l'AFP l'arrestation du président Embalo aux côtés du "chef d'état-major et du ministre de l'Intérieur".

"Garantir la sécurité au niveau national"

"Ce qui nous a poussé à le faire, c'est pour garantir la sécurité au niveau national et également rétablir l'ordre", a ajouté le général Denis N'Canha, évoquant la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue".

La Guinée-Bissau, pays très pauvre de 2,2 millions d'habitants, un peu plus grand que la Belgique, est affectée par des problèmes de corruption et est réputée pour être une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe.

Les renseignements généraux "ont confirmé l'introduction d'armes dans le pays pour changer l'ordre constitutionnel", a ajouté le général Denis N'Canha. Il a aussi annoncé la suspension de "tout le processus électoral", la fermeture des frontières "terrestres, aériennes et maritimes" et l'instauration d'un "couvre-feu obligatoire".

Le principal opposant arrêté

En outre, le principal opposant bissau-guinéen Domingos Simoes Pereira - dirigeant du puissant PAIGC, parti historique qui a mené la Guinée-Bissau à l'indépendance - qui avait été écarté de la présidentielle de dimanche, a été arrêté mercredi, selon des proches et un collaborateur. Domingos Simoes Pereira a été "arrêté" et "n'est pas en sécurité", a confirmé un membre de sa famille.

Des "hommes armés" se sont présentés au siège de campagne du candidat Fernando Dias mercredi et ont lancé des gaz lacrymogènes "pour arrêter MM. Dias et Pereira" qui tenaient une réunion, a indiqué un responsable de son équipe de campagne. La situation de Fernando Dias n'était pas connue mercredi en fin de journée.

Les rues à Bissau étaient désertes dans la soirée avec l'entrée en vigueur du couvre-feu et les militaires avaient pris le contrôle de toutes les grandes artères.

Guinée-Bissau : le président "renversé", les militaires aux commandes, les élections suspendues
Une rue déserte à Bissau, en Guinée-Bissau, le 26 novembre 2025. © Patrick Meinhardt, AFP

Par ailleurs, la Commission Nationale des Elections (CNE) a été attaquée par des hommes armés non identifiés mercredi, a indiqué un responsable de la communication de la commission, Abdourahmane Djalo.

Mardi, le camp de Umaro Sissoco Embalo et celui du candidat de l'opposition Fernando Dias de Costa avaient chacun revendiqué la victoire à la présidentielle, alors que les résultats provisoires officiels de ces élections n'étaient attendus que jeudi.

Fin octobre, l'armée bissau-guinéenne avait annoncé avoir déjoué une "tentative de subversion de l'ordre constitutionnel", avec l'arrestation de plusieurs officiers supérieurs.

Guinée-Bissau : le président "renversé", les militaires aux commandes, les élections suspendues
Une salle contenant des urnes remplies de matériel électoral, au siège de la CNE à Bissau, au lendemain des élections présidentielles et législatives en Guinée-Bissau, le 24 novembre 2025. © Patrick Meinhardt, AFP

La proclamation des résultats électoraux a ainsi souvent donné lieu à des mouvements de contestation dans ce pays. La précédente présidentielle, en 2019, avait débouché sur plusieurs mois de crise post-électorale, Umaro Sissoco Embalo et son adversaire Domingos Simoes Pereira revendiquant tous deux la victoire.

Réagissant mercredi, le gouvernement portugais a appelé au calme et à la reprise du processus électoral dans son ancienne colonie de Guinée-Bissau.

Avec AFP