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Karachi à cran au lendemain d'un double attentat anti-chiite

La colère des habitants chiites de Karachi contre les autorités est palpable ce samedi, alors que Karachi inhume les 31 victimes du double attentat de vendredi. La police accuse le Jundollah (Armée de Dieu) d'être responsable des attaques.

REUTERS - La tension était grande samedi à Karachi au lendemain du double attentat qui a fait 31 morts dans la capitale économique du Pakistan et pose à nouveau la question de l’efficacité des actions des forces de sécurité contre les extrémistes.

La plupart des magasins de la mégapole de 18 millions d’habitants sont restés fermés et les transports publics sont à l’arrêt dans la ville où plusieurs milliers d’habitants se sont rassemblés pour les funérailles de leurs proches tués par les deux bombes, qui ont fait également plus de 150 blessés.

Le premier attentat, visant un bus transportant des chiites, a été suivi d’un autre quelques heures plus tard dans un hôpital où avaient été admis les blessés de la première attaque.

L’obédience religieuse des victimes laisse penser que les attaques pourraient être le fait de groupes armés sunnites liés au réseau Al Qaïda.

La police, qui avait initialement cru à des attentats commis par des kamikazes, a finalement conclu que les bombes avaient été déposées à l’avance. Un troisième engin explosif, désamorcé à l’hôpital, était du même type que les deux autres, suggérant l’implication d’un seul groupe.

L’un des responsables de l’enquête, Raja Umer Khattab, a désigné le Jundollah (Armée de Dieu) comme le responsable.

Un mouvement du même nom combat dans le sud-est de l’Iran contre le pouvoir central de Téhéran.

Appel au calme

« C’est ce même groupe qui a commis l’attentat de l’Achoura », a ajouté Khattab, par allusion à l’attaque qui a fait 43 morts dans la ville le 28 décembre dernier contre une procession chiite lors de la fête célébrant la mort de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet. L’attentat suicide avait provoqué une émeute dans le centre-ville.

L’enquêteur a ajouté que la police avait arrêté quatre membres du groupe depuis mais que 12 à 14 activistes étaient toujours recherchés et qu’ils avaient probablement planifié le double attentat de vendredi.

Aux funérailles, la colère des habitants chiites de Karachi contre les autorités était palpable. « C’est comme s’il n’y avait pas de gouvernement au Pakistan », a déclaré Syed Shabbir Hussain, qui a perdu un cousin dans la première explosion.

« Ils disent qu’il y a des militants prêts à attaquer. Et puis ils attaquent, et la police et le gouvernement ne font rien », a-t-il déploré aux obsèques de son parent. Le gouvernement a lancé un appel au calme. « Nous sommes en guerre avec ces terroristes hostiles à notre pays, hostiles à notre religion », a déclaré le ministre de l’Intérieur du gouvernement provincial, Zulfiqar Mirza, assurant sans plus de détails que des arrestations avaient été effectuées.

Les taliban pakistanais ont perpétré depuis octobre une série d’attentats à l’explosif contre des marchés bondés ainsi que des installations de l’armée et de la police, tuant des centaines de personnes pour déstabiliser le gouvernement proaméricain du président Asif Ali Zardari.

Mais ces attentats ont avant tout frappé le nord du pays alors que Karachi a été relativement épargné, même si le grand port du Sud est régulièrement secoué par des violences politiques ou religieuses.