L'armée de l'air israélienne a mené de nouveaux raids à Gaza, au lendemain d'une série d'opérations qui ont déjà fait plus de 280 morts palestiniens. Israël a également décidé de mobiliser des milliers de réservistes.
AFP - Israël a poursuivi dimanche ses attaques aériennes à Gaza, qui ont fait plus de 280 morts en 24 heures, et donné son feu vert à la mobilisation de milliers de réservistes en vue d'une éventuelle offensive terrestre.
L'opération dite "plomb durci", d'une violence jamais vue depuis l'ocupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, vise selon l'Etat hébreu à mettre fin aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, sur les localités du sud du pays.
Les attaques ont fait 282 morts, en majorité des policiers du Hamas, et plus de 600 blessés, selon le dernier bilan des services d'urgence palestiniens.
Entre-temps, une vingtaine de roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza dimanche dans le sud d'Israel sans faire de victimes. L'une d'elles, de type Grad, a atteint pour la première fois Gan Yavné près du port d'Ashdod, à plus de trente kilomètres de Gaza, selon les secours israéliens.
Laissant planer la menace d'une offensive terrestre à Gaza, Israël a décidé de mobiliser 6.500 réservistes, a annoncé un haut responsable à l'issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement.
A la mi-journée, Israël a commencé à masser des chars et des troupes à la frontière entre la bande de Gaza et Israël, laissant présager du prochain lancement d'une opération terrestre, selon des photographes de l'AFP sur place.
Plusieurs raids ont été signalés dimanche dans la ville de Gaza, dans le camp de Jabaliya, dans le nord du territoire, ainsi que dans le sud, à Khan Younès et Rafah, selon des témoins.
L'une des frappes à détruit le "Saraya", un complexe abritant la principale prison de Gaza et un quartier général des services de sécurité du Hamas, faisant quatre morts.
Le bâtiment du "Conseil des ministres" du Hamas à Gaza également été frappé.
L'aviation israélienne a en outre détruit le siège du gouvernorat de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Dans l'après-midi, l'aviation israélienne a mené une série de raids contre des tunnels de contrebande dans le secteur de Rafah à la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte, d'après des témoins.
Les magasins et écoles sont restés fermés en signe de deuil dans la plupart des villes du territoire, où des milliers de personnes ont participé aux funérailles des victimes de la veille, aux cris de: "Mort à Israël, mort à l'Amérique!".
Une grève des commerces était également observée en Cisjordanie, à Jérusalem-est et dans les villes arabes d'Israël. Des manifestations de soutien à Gaza ont eu lieu en Cisjordanie, l'une d'elles a été dispersée par la police palestinienne à Hébron.
Un Palestinien a été tué par des tirs israéliens lors d'une autre manifestation, à Nilin dans le nord de la Cisjordanie.
Des manifestations se sont aussi déroulées dans le monde arabe notamment au Caire, à Beyrouth, Sanaa, Dubaï et Damas.
"Tsahal (l'armée israélienne : ndlr) élargira et approfondira ses opérations à Gaza autant que nécessaire", a averti le ministre israélien de la Défense Ehud Barak.
"Nous devons savoir que cela ne sera pas de courte durée et cela ne sera pas facile, mais nous devons faire preuve de détermination", a-t-il ajouté.
A l'ONU, le Conseil de sécurité a appelé - dans une déclaration non contraignante - à "l'arrêt immédiat" de toutes violence et activités militaires, à l'issue d'une réunion urgente.
Au Caire, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a affirmé à l'issue d'un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas que l'Egypte tentait négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui pourrait être suivi d'une trêve.
Une trêve de six mois dans et autour de Gaza négociée par l'Egypte a expiré le 19 décembre, le Hamas qui contrôle la bande de Gaza ayant refusé de la reconduire.
Selon l'armée israélienne, environ 230 cibles du Hamas ont été visées ces dernières 24 heures à Gaza. Un porte-parole du gouvernement israélien a affirmé que "97%" des victimes des raids appartenaient au Hamas.
Le pape Benoît XVI a condamné les violences entre Israël et le Hamas, demandant un "sursaut d'humanisme et de sagesse de la part de tous ceux qui ont une quelconque responsabilité dans cette situation".
Des pays arabes et l'Iran ont proposé d'envoyer de l'aide à Gaza ou de soigner des blessés qui seraient évacués via l'Egypte. Mais Le Caire a accusé le Hamas de bloquer le transfert de blessés à la frontière.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a demandé à son homologue israélienne Tzipi Livni l'"arrêt urgent" des opérations militaires à Gaza, selon Moscou.
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a également appelé à un "arrêt immédiat de toute les violences" à Gaza.
Mme Livni, en tournée à Sdérot, cible habituelle de roquettes depuis Gaza, a pour, a appelé pour sa part la communauté internationale à soutenir l'offensive israélienne.