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Après les attaques de drones ukrainiens, la Russie pourrait réduire sa production de pétrole
Les producteurs de pétrole russes pourraient réduire leur production après des frappes de drones ukrainiens contre des ports et des raffineries, a prévenu l'opérateur Transneft. Au moins dix raffineries endommagées ont provisoirement fait chuter près de 20 % la capacité de raffinage du pays.
Photo d'archives – Un pétrolier amarré au complexe Sheskharis, à Novorossiysk, en Russie, le 11 octobre 2022. AP

À la suite des attaques de drones ukrainiens contre des ports d'exportation et des raffineries, l'opérateur russe d'oléoducs Transneft a averti les producteurs pétroliers qu'ils pourraient être contraints de réduire leur production, ont déclaré mardi 16 septembre trois sources au sein du secteur.

Kiev a intensifié ses attaques contre les infrastructures énergétiques russes depuis début août alors que les pourparlers de paix sont à l'arrêt.

Au moins dix raffineries ont été touchées, ce qui a réduit un temps la capacité de raffinage de la Russie jusqu'à près d'un cinquième, et les principaux ports d'Oust-Louga et de Primorsk, sur la mer Baltique, ont été endommagés, selon des responsables militaires ukrainiens et des sources industrielles russes.

Les autorités russes n'ont fait aucun commentaire au sujet des attaques comme de leur impact sur la production et les exportations.

Restriction dans les oléoducs

Transneft, qui gère plus de 80 % du pétrole extrait en Russie, a toutefois restreint ces derniers jours la capacité des compagnies pétrolières à stocker du pétrole dans son réseau d'oléoducs, ont déclaré à Reuters deux sources industrielles proches des compagnies pétrolières russes.

La compagnie publique russe a aussi averti les producteurs qu'elle pourrait être contrainte d'accepter moins de pétrole si ses infrastructures subissaient de nouveaux dommages, ont ajouté les sources.

Les attaques de drones pourraient pousser la Russie, qui représente 9 % de la production mondiale de pétrole, à réduire sa production, ont indiqué les deux sources et une troisième source proche des opérations de pompage qui ont toutes requis l'anonymat. Transneft n'a pas répondu aux demandes de commentaires.

Vendredi, des drones ont frappé pour la première fois le port de Primorsk, important débouché pétrolier sur la mer Baltique. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que l'attaque avait causé des "dégâts importants".

En temps normal, plus d'un million de barils de pétrole peuvent transiter chaque jour par Primorsk, soit plus de 10 % de la production totale de la Russie. Reuters n'a pas pu vérifier l'étendue des dégâts causés par les frappes.

Deux pétroliers, le Kusto et le Cai Yun, ont été touchés par l'attaque à Primorsk, ont déclaré des sources industrielles, précisant que les opérations d'exportation n'ont repris que partiellement samedi.

"Capacité de stockage limitée"

Les capacités d'exportation de pétrole russe sont déjà limitées, le port voisin d'Oust-Louga fonctionnant encore au ralenti après une attaque de drones contre un oléoduc en août. Selon des sources du secteur, le port n'opère qu'à la moitié de ses capacités.

En vertu d'un accord conclu par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+), le quota de production de la Russie devait augmenter en septembre à 9,449 millions de bpj contre 9,344 millions de bpj en août.

Les analystes de J.P. Morgan et Goldman Sachs, qui ont une connaissance approfondie des marchés des matières premières et les suivent depuis des années, disent douter que Moscou puisse tenir cet objectif.

"La capacité de la Russie à augmenter sa production de pétrole est désormais menacée en raison d'une capacité de stockage limitée", ont déclaré les analystes de J.P. Morgan dans une note.

Les analystes des deux banques ne disent cependant pas s'attendre à une baisse importante de la production pétrolière russe, la demande de brut russe restant élevée, notamment en Asie.

Avec Reuters