
Des usagers attendent sur un quai de la station de métro Saint-Lazare à Paris le 10 novembre 2022, pendant une grève. © AFP, Bertrand Gay
À l'instar de la CGT, les organisations syndicales françaises, y compris la CFDT, appellent à faire grève et manifester jeudi 18 septembre pour contester des mesures budgétaires "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu n'a pour l'heure, pas écartées.
Après sa rencontre avec le nouveau chef de gouvernement macroniste lundi, la patronne de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.
Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Il a reçu vendredi et lundi les syndicats représentatifs, à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui s'entretiendra avec le Premier ministre le 22 septembre à 11 h 00, a appris l'AFP auprès de FO. Mais les leaders syndicaux maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant ainsi peser sur les futures orientations budgétaires.
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Plus de 400 000 personnes manifestants attendus
CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, une première depuis le 6 juin 2023 – date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites. Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.
Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" – qui a rassemblé près de 200 000 personnes le 10 septembre, selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?
"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC). Les autorités, de leur côté, estiment que la participation pourrait atteindre plus de 400 000 personnes, soit le double du 10 septembre. Elles craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges.
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Quelles sont les revendications ?
Dans un communiqué commun diffusé fin août, les organisations syndicales qualifiaient les mesures avancées cet été de "brutalité sans précédent", regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".
Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés...".
L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.
Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation : vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue". "Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.
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Fortes perturbations dans les transports en commun parisiens
Le 18 septembre "sera très certainement une journée noire", a prévenu lundi le ministre des Transports démissionnaire, Philippe Tabarot.
Côté RATP, les quatre syndicats majoritaires de l'entreprise, la CGT, FO, Unsa Mobilité et la CFE-CGC, ont appelé à la grève. Sur son site mardi soir, la RATP "invite les voyageurs qui en ont la possibilité à privilégier le télétravail ou à différer leurs déplacements sur le réseau".
Dans un communiqué, Force ouvrière, second syndicat du groupe RATP, prévoit aussi une "journée noire" sur les lignes parisiennes avec certaines totalement à l’arrêt et d’autres partiellement desservies sur le réseau RATP.
Le taux de grévistes devrait atteindre "90 % chez les conducteurs de métro, et 80 % chez les conducteurs de RER", a estimé FO RATP, auprès de l'AFP.

À Paris, seules les lignes automatisées (1, 4 et 14) circuleront normalement d'après les prévisions avancées par la RATP mardi soir. Pour le reste, le trafic ne sera assuré qu'aux "heures de pointe", a indiqué la régie.
Le trafic des métros 7, 9, 10, 10 sera perturbé et assuré uniquement aux heures de pointe. Quant aux lignes 2, 3, 3b, 5, 6, 7b, 8, 11 et 12, leur circulation sera très perturbée et assurées uniquement aux heures de pointe.
Certaines lignes de bus seront carrément fermées. Et les tramways T5, T7 et T8 seront perturbés.
Le trafic sera également perturbé sur toutes les lignes de RER, voire "fortement perturbé" sur la ligne D et E, ont indiqué la RATP et la SNCF, sans donner davantage de précision pour le moment.
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La SNCF suit le mouvement
Côté SNCF, la grève devrait être suivie, entrainant des perturbations dans les RER, TER, et les Transiliens.
La CGT-cheminots, l'Unsa-ferroviaire, SUD-rail et la CFDT-cheminots ont appelé "l'ensemble des cheminotes et cheminots, dans tous les métiers et toutes les fonctions, à agir par la grève" du 18 septembre.
Philippe Tabarot prévoit un trafic des trains régionaux perturbé jeudi, avec "des disparités entre les régions". Il pourra y avoir quelques perturbations sur les réseaux de transports urbains, mais les transports scolaires devraient être assurés, selon le ministre.
D’après le ministère des transports, 9 TGV sur 10 circuleront. Sur les lignes Intercités, "des perturbations (...) importantes" sont également "à prévoir", a avancé Philippe Tabarot, évoquant un train sur deux en circulation "sur ces lignes". Quant aux TER, il faudra en prévoir 3 sur 5.
Dans les airs, des perturbations sont attendues du côté d'Air France. FO a déposé un préavis de grève pour le 18 septembre, ainsi que la CGT Air France et la CFDT Air France. Le principal syndicat de contrôleurs aériens a, quant à lui, choisi de reporter son préavis de grève de quelques semaines.
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Un tiers de gréviste dans les écoles
La FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, prévoit qu'un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes jeudi. "L'école publique a urgemment besoin de moyens à la hauteur et d'un véritable budget", a souligné la FSU-Snuipp dans un communiqué publié mardi.
Selon une enquête de rentrée menée par ce syndicat, au sein des 6 063 écoles qui ont répondu, près de 3 000 classes ne disposaient pas d'un enseignant affecté pour l'année scolaire. Plus de 80 % des établissements ont par ailleurs déclaré avoir au moins une classe avec plus de 22 élèves, et 57 % avoir au moins un élève sans AESH (Accompagnant d'élève en situation de handicap) à ses côtés, a-t-elle précisé dans son communiqué.
Mercredi dernier, le ministère de l'Education nationale avait donné le chiffre de 6 % d'enseignants grévistes dans le cadre de la mobilisation citoyenne "Bloquons tout", quasi exclusivement dans le second degré, en raison du grand nombre d'écoles fermées le mercredi. Cette fois, le mouvement devrait être plus largement suivi.
Des perturbations sont également à prévoir du côté des accueils de loisirs et services de cantine dans certaines municipalités.
Avec AFP