
Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni le 18 septembre 2025 à New York, aux Etats-Unis © Michael M. Santiago / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
La pression monte de plusieurs crans sur Téhéran. Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné vendredi 19 septembre son feu vert au rétablissement des sanctions contre l'Iran à qui Paris, Londres et Berlin demandent des engagements plus fermes sur son programme nucléaire, une décision en principe réversible en cas d'accord d'ici la fin de la semaine prochaine.
L'ambassadeur iranien auprès des Nations unies a qualifié ce vote de "précipité, inutile et illégal". "L'Iran ne reconnaît aucune obligation de (le) mettre en œuvre", a ajouté Amir Saeid Iravani devant le Conseil de sécurité, qualifiant cette mesure de "politique de coercition".
"Nous avons cherché par tous les moyens à trouver une alternative" au rétablissement des sanctions, mécanisme appelé "snapback", a pour sa part assuré l'ambassadeur français à l'ONU.
"Nous n'avons d'autre option que de poursuivre la procédure (...) qui conduira, sauf décision contraire de ce Conseil, à rétablir au 28 septembre les régimes de sanctions adoptées par lui avant 2015 contre l'Iran", a ajouté Jérôme Bonnafont.
Il a toutefois insisté sur le fait que l'offre du trio européen de parvenir à une solution négociée d'ici la fin de la semaine prochaine reste sur la table.
Un manque de gestes "concrets"
En 2015, France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Russie et Chine avaient conclu avec Téhéran un accord appelé JCPOA, prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée des sanctions. Accord entériné par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui expire mi-octobre.
Les États-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, avaient décidé en 2018 de se retirer du JCPOA et rétabli leurs propres sanctions.
L'Iran s'était ensuite affranchi de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium. Et les pays occidentaux le soupçonnent de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.
Après des négociations et de multiples mises en garde, Paris, Londres et Berlin ont déclenché fin août le "snapback", mécanisme qui permet de rétablir les sanctions dans un délai de 30 jours.
Le trio européen a signifié cette semaine à l'Iran qu'il attendait toujours des gestes "concrets".
Mais "les Européens, par leur inaction et maintenant ces mesures, fournissent un autre prétexte pour l'escalade dans les relations internationales", a dénoncé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, au cours d'un briefing à Genève vendredi.
Moscou et Pékin opposés aux sanctions
Le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi avait assuré sur X avoir soumis aux puissances européennes "une proposition créative, équitable et équilibrée, qui répond aux préoccupations légitimes et est mutuellement bénéfique".
Parmi les éléments de blocage, les Européens jugent insuffisant l'accord conclu le 9 septembre entre Téhéran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Il ne s'est pas traduit par une reprise immédiate des inspections, suspendues par Téhéran après les frappes israéliennes et américaines menées en juin.
"Le programme nucléaire de l'Iran n'est pas destiné à des fins pacifiques", a d'ailleurs martelé le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar sur X après le vote de vendredi. "L'objectif de la communauté internationale ne doit pas changer : empêcher l'Iran d'acquérir des capacités nucléaires à tout jamais".

Formellement, en vertu de la résolution 2231, le texte soumis au Conseil de sécurité vendredi prévoyait le maintien de la levée des sanctions.
Mais il n'a recueilli que quatre voix (dont Russie et Chine), sur les neufs nécessaires à son adoption. Neuf pays ont voté contre et deux se sont abstenus.
Moscou et Pékin ont à nouveau marqué leur opposition au rétablissement des sanctions.
Le sommet de l'ONU la semaine prochaine, auquel assistera notamment le président iranien, pourrait donner lieu à des négociations plus positives. Mais les diplomates européens ne semblent pas optimistes.
"Les dernières nouvelles que nous avons reçues des Iraniens ne sont pas sérieuses", a résumé le président français, Emmanuel Macron dans un entretien à la télévision israélienne jeudi.
Avec AFP