
La gauche unitaire (sans LFI, les Communistes et Raphaël Glucksmann) réunie à Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, le 2 juillet 2025 © Thomas SAMSON / AFP/Archives
Elle avait fait "le serment", en juillet dernier, d'avoir un "candidat commun" pour la présidentielle de 2027 : la gauche unitaire, qui s'est réunie samedi 15 novembre à Trappes (Yvelines), a concrétisé sa promesse en annonçant la tenue d'une primaire.
Le patron du PS Olivier Faure, la cheffe des Écologistes Marine Tondelier, les ex-députés LFI Clémentine Autain (L'Après) et François Ruffin (Debout!) ainsi que le coordinateur de Génération.s Benjamin Lucas se sont retrouvés avec l'égérie de l'union de la gauche en 2024, Lucie Castets, qui annoncé que cette primaire aura lieu à "l'automne 2026".
Elle a précisé que la date et les modalités de ce processus de désignation seront annoncées durant la première quinzaine de décembre.
"Quand nous allons donner la date, cela va créer un effet d'entraînement, une dynamique", veut-elle croire, s'appuyant sur une enquête Elabe pour BFMTV qui affirme que 72% des électeurs du Nouveau Front populaire veulent une candidature unique de la gauche.
"C'est la bataille politique la plus difficile qu'on ait jamais eue à mener", assure Marine Tondelier, fer de lance de cette union.
Mais les deux candidats de gauche les mieux placés dans les sondages, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon et le dirigeant de Place publique Raphaël Glucksmann, sur deux lignes antagonistes, refusent toute participation à ce processus, persuadés de pouvoir s'imposer en incarnant vote utile.
Le PCF n'a pas non plus souhaité à ce stade s'intégrer à cette volonté d'union. Mais "ils ont une culture antifasciste et une tradition d'union", relève Clémentine Autain.
Trois candidats déclarés
Pour l'heure, trois candidats sont déjà déclarés pour cette primaire: François Ruffin, Clémentine Autain et Marine Tondelier, qui devrait officiellement être désignée par son parti début décembre.
Interrogé pour savoir s'il serait candidat, Olivier Faure a indiqué que "la décision n'était pas prise".
Reste qu'au sein même du PS, certains ne sont pas favorables à cette primaire, et penchent pour soutenir Raphaël Glucksmann. "On a un mandat tranché par notre congrès sur cette question d'une candidature commune", rappelle la maire PS de Nantes Johanna Rolland, précisant que les militants seront consultés "après les municipales".
"Toux ceux qui (en interne) étaient sceptiques sur le +format Bagneux+ jugent aujourd'hui qu'il est utile. Cette obligation morale va augmenter au fur et à mesure qu'on va avancer vers la présidentielle", insiste Olivier Faure, alors que la capacité du PS à se rallier à un autre candidat que celui issu de ses rangs est aussi mis en doute à l'extérieur. Comme par ce responsable de Place publique qui ne voit pas les socialistes se ranger "derrière Tondelier si elle gagne".
"Jospin 2002"
Pour cette première manifestation du "Front populaire 2027", les unitaires ont organisé une convention sur le thème de l'éducation, avec notamment des jeunes des quartiers populaires, en dénonçant notamment le séparatisme scolaire. D'autres conventions suivront, pour enrichir une plateforme programmatique, lancée en février prochain.
Mais il reste aussi difficile de pousser la stratégie d'union, quand les différents partenaires ont défendu des positions adverses à l'Assemblée sur le budget.
"La séquence budgétaire ne fédère pas", reconnaît Clémentine Autain, qui a peu apprécié la position de compromis des socialistes vis-à-vis du gouvernement. Mais "ça donne aux électeurs de gauche la possibilité de trancher un profil lié à une ligne politique", ajoute-t-elle.
Cet événement intervient la veille d'un rassemblement d'une autre partie de la gauche, représentant la social-démocratie, dimanche à Pontoise autour de l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve.
Raphaël Glucksmann y sera présent. Pas de quoi inquiéter les unitaires. "Il a le droit de vouloir incarner ce qu'il veut, si ça lui convient le mieux", a réagi Olivier Faure. Mais s'il "zappe la primaire, il n'échappera pas à la fragmentation de la gauche. Il aura face à lui Ruffin, Tondelier et Roussel, voire plus", estime un député socialiste: "Ce sera Jospin 2002."
Avec AFP
