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En Italie, le combat pour sauver une langue antique
Au fin fond des montagnes de Calabre, les habitants ne parlent pas italien, mais un dialecte peu connu : le grecanico. Avec à peine 200 locuteurs restants, tous des anciens, cette langue risque de disparaître. Alors, comment la maintenir en vie ?

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Pour ENTR, nous avons rencontré les derniers locuteurs d'une langue en voie d'extinction en Italie : le grecanico. © ENTR

Les drapeaux à l’entrée du village de Gallicianò sèment le doute : les couleurs de l’Italie flottent aux côtés de celles de la Grèce. Dans ce petit bourg de maisons en pierre, le nom des rues est écrit en caractères latins mais aussi grecs, et la trentaine d'habitants qui y vivent parlent entre eux, non pas en italien mais... en grecanico.

Deux touristes grecs de passage dans la région comprennent mieux les habitants que les Italiens eux-mêmes : "ils parlent un mélange de grec et d’italien", explique l’une d’entre eux, "mais avec quelques mots que nous ne comprenons pas vraiment. Ça ressemble à du grec ancien".

En effet, le grecanico - aussi appelé grec calabrais - est un subtil mélange qui puise ses racines dans l’Antiquité. Mais trois mille ans plus tard, il est plus que jamais menacé.

Cette langue qui a failli disparaître à plusieurs reprises, à cause de la latinisation du temps des Romains, puis de l’italianisation sous l’ère fasciste, souffre aujourd’hui du vieillissement de ceux qui la parlent.

“Nous ne sommes plus que quelques centaines de locuteurs et je suis le plus jeune, j’ai 71 ans”, s’alarme Tito Squillaci. Face au dépérissement de sa langue, l’enfant du pays a décidé de prendre les devants.

Aucune trace écrite de cette langue

Une fois par an, Tito Squillaci donne rendez-vous à des dizaines de personnes - enfants, parents et grands-parents - à l’école de Bova Marina, en Calabre. Au programme : une semaine intensive de grecanico.

“Pourquoi se retrouver ici, la semaine la plus chaude de l’année, pour apprendre une langue que certains qualifient d’inutile ?”, sourit Giovanna Garigliano, 29 ans, élève de cette école. La jeune femme a commencé le grecanico il y a cinq ans. Prise d’un coup de foudre pour le grec calabrais, elle participe tous les ans à cette semaine grecque. “Vis-à-vis de cette langue, je ressens une grande responsabilité. Le problème, ce n'est pas tant le fait que les mots se perdent, mais c’est que l’on perd les gardiens de ces mots."

Car c’est là une des difficultés du grecanico. Cette langue s'est transmise depuis des siècles de façon orale uniquement, la dernière trace écrite remontant au XVIe siècle. Et si les 200 derniers locuteurs natifs s'éteignent, cela marquerait l’extinction de la langue.

“Nos aînés ont abandonné la langue parce qu’ils la considéraient comme un obstacle. Aujourd’hui, on le sait parce qu’on le vit tous les jours, cette langue élargit nos horizons”, affirme Tito Squillaci.

La revitalisation est donc plus que jamais nécessaire, et la jeune génération semble bien déterminée à mener le combat auprès des anciens. Et Giovanna Garigliano sera en première ligne : “À ceux qui disent que le grecanico n’est pas utile, je leur réponds : ‘On en reparle bientôt’ !”

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