logo

Mort d'un streamer en direct : Kick visé par une enquête et attaqué en justice par Clara Chappaz
La justice française ouvre une enquête au sujet de la plateforme de streaming Kick après le décès en direct du vidéaste Jean Pormanove. La ministre du Numérique, Clara Chappaz, annonce pour sa part vouloir attaquer en justice la société australienne, accusée d’avoir enfreint la législation française sur le numérique.
Le streamer français Jean Pormanove est mort dans la nuit du 17 au 18 août 2025. © Dado Ruvic, Reuters

La procureure de Paris a annoncé, mardi 26 août, l'ouverture d'une enquête sur les pratiques de la plateforme de streaming Kick, en plus de celle déjà menée par le parquet de Nice pour éclaircir les circonstances du décès en direct du vidéaste Jean Pormanove.

Cette nouvelle enquête a été ouverte "du chef de fourniture en bande organisée de plateforme en ligne illicite", pour déterminer notamment si Kick a diffusé "en connaissance de cause" des "vidéos d'atteinte volontaires à l'intégrité de la personne", a annoncé la procureure Laure Beccuau dans un communiqué.

Les enquêteurs chercheront également à déterminer si la plateforme australienne respecte la règlementation européenne sur les services numériques (DSA). Les responsables encourent une peine de 10 ans de prison et un million d'euros d'amende.

La ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, a annoncé de son côté mardi son intention d'attaquer en justice la plateforme Kick pour "manquement". Elle a fait cette annonce à l'issue d'une réunion convoquée à Bercy avec les services de plusieurs ministères (Justice, Intérieur, Économie) et deux autorités indépendantes, reprochant à Kick d'avoir enfreint la loi sur la confiance numérique de 2004.

Le parquet de Nice avait indiqué le 19 août avoir ouvert une enquête suite au décès "lors d'un live streaming" de Jean Pormanove, protagoniste de vidéos controversées sur lesquelles la ministre du numérique a saisi l'Arcom.

De son vrai nom Raphaël Graven, le streamer français est mort dans la nuit du 17 au 18 août, avait indiqué lundi le parquet de Nice, déclarant : "Le décès d’un homme dans un local loué pour des 'lives' [sessions en direct, NDLR] de jeu vidéo a été constaté."

"Business de la maltraitance en ligne"

Alors que son "live" XXL était branché (depuis dix jours consécutifs), Jean Pormanove a été retrouvé inerte sur un matelas, recouvert d’une couette, alors qu'il dormait aux côtés de ses acolytes de stream [consiste à créer et diffuser sur le web des contenus, en général axés sur les jeux vidéo, devant des spectateurs, NDLR]. "Il est vraiment dans une position chelou", entend-on notamment sur les images.

Malgré les tentatives de son équipe pour le réveiller – face à son absence de réaction et sa position inhabituelle, l'un de ses acolytes, "Naruto", dormant dans le même lit, lui avait jeté une petite bouteille en plastique – leurs efforts sont restés vains.

Suivie par près de 200 000 personnes, la chaîne "Jeanpormanove" montrait depuis des mois Raphaël Graven se faire insulter, frapper, tirer les cheveux, menacer ou encore tirer dessus sans protection avec des projectiles de paintball. Des contenus scénarisés, selon les promoteurs de la chaîne.

Dans une enquête publiée en décembre 2024, Médiapart évoquait des influenceurs à l'origine d'un véritable "business de la maltraitance en ligne".

Avec AFP