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Évincée par les États-Unis, l'UE martèle que la paix en Ukraine ne peut se faire sans elle
Alors que les États-Unis ont avancé un plan suggérant à Kiev de réduire son armée de moitié, la cheffe de la diplomatie européenne a rappelé jeudi que la paix en Ukraine ne pourrait pas sans faire sans les Européens.
La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, le 20 novembre 2025 lors d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne, à Bruxelles. © Geert Vanden Wijngaert, AP

La paix en Ukraine ne peut se faire qu'avec les Européens, sans "capitulation", ont rappelé les dirigeants des pays de l'Union européenne, une nouvelle fois tenus à l'écart par les États-Unis qui ont avancé un plan suggérant à Kiev de réduire son armée de moitié.

"Pour qu'un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c'est très clair", a déclaré jeudi 20 novembre Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie de l'UE à Bruxelles.

"La paix ne peut pas être la capitulation", a renchéri le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à son arrivée à Bruxelles pour une réunion de ses homologues de l'UE.

Ces derniers ont tous, ou presque, rappelé la nécessité d'une paix "juste et durable", comme ils ne cessent de le faire, depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

"Nous devons comprendre que dans cette guerre, il y a un agresseur et une victime. Et, nous n'avons pas entendu parler de concessions de la part de la Russie", a souligné Kaja Kallas.

Ce n'est pas la première fois que les Européens rappellent ces conditions.

Ils s'étaient précipités à Washington, trois jours après la rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et Donald Trump à la mi-août en Alaska, avec une priorité : éviter une reddition sans conditions de l'Ukraine.

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Accentuer la pression

"Nous voulons une paix durable qui soit entourée des garanties nécessaires pour prévenir toute nouvelle agression par la Russie de Vladimir Poutine", a rappelé jeudi Jean-Noël Barrot.

"Toutes les négociations concernant un cessez-le-feu, ainsi que tout développement pacifique ultérieur de l'Ukraine, ne peuvent être discutées et négociées qu'avec l'Ukraine. Et l'Europe devra y être impliquée", a assuré de son côté son homologue allemand, Johann Wadephul.

Pour y parvenir, ils misent sur une seule voie : accentuer la pression sur le Kremlin. L'annonce le mois dernier de sanctions par les États-Unis contre le pétrole russe, une des principales sources de financement de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine, avaient rassuré les Européens.

Mais ce nouveau plan américain semble désormais s'en éloigner, relèvent certains ministres.

"J'espère que ce n'est pas la victime qui se voit imposer des restrictions sur sa capacité à se défendre, mais bien l'agresseur, dont le potentiel agressif devrait être limité", a ainsi jugé le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski.

L'Ukraine a reçu mercredi une nouvelle proposition de la part des États-Unis qui requiert notamment qu'elle cède des territoires à la Russie et réduise son armée de moitié.

Selon Kiev, ce nouveau plan américain semble surtout reprendre les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie.

Les autorités ukrainiennes ont été informées de ce plan américain mais sans savoir s'il était soutenu par le président Donald Trump ou s'il émanait de son entourage.

Il reprend surtout le narratif russe, a également jugé un haut responsable de l'UE, ayant requis l'anonymat. Moscou essaie de détourner l'attention au moment où les sanctions, notamment américaines sur ses exportations de pétrole, commencent à avoir de l'effet, a-t-il expliqué.

Les alliés européens de l'Ukraine s'efforcent malgré tout de rester confiants.

"Je ne vois pas de grande tragédie à ce qu'il y ait des idées sur la manière de mettre fin à cette guerre, c'est bien que cela vienne des États-Unis", a ainsi jugé le ministre lituanien des Affaires étrangères Kestutis Budris.

"Regardez le côté positif, s'ils y travaillent, cela signifie qu'ils s'engagent".

Avec AFP