Dans un entretien accordé à France 24, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, revient sur la situation de son pays, qu'il avait précédemment qualifié de "grand malade dans un état comateux". Ces propos lui avaient valu des démêlés avec la justice, pour "propos séditieux". Des "malentendus", qui ont été clarifiés lors d'une rencontre avec le président Félix Tshisekedi le 16 mai, assure l'archevêque. Appelant au dialogue dans l'est de la République démocratique du Congo – en proie à une insécurité endémique – il estime que "précipiter le départ de la Monusco" du Nord-Kivu et de l'Ituri serait "une erreur". Le prélat a ainsi appelé cette mission onusienne à "reconsidérer son calendrier de retrait".
Six mois après avoir déclaré que la République démocratique du Congo (RD Congo) est à l’agonie, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, affirme que "c’est la réalité que nous vivons". Selon lui, la RD Congo est "un pays qui souffre et tous les signaux sont au rouge". Le peuple congolais "ne sait plus vers quels saint se tourner". Selon lui, le pays est un pays en faillite "sur beaucoup de points".
Quant aux poursuites judiciaires engagées contre lui par la justice suite à ces critiques, il affirme ne jamais avoir été convoqué et avoir obtenu de rencontrer le président Félix Tshisekedi mi-mai. "Cette rencontre a permis de clarifier beaucoup de choses", relate-t-il. "Depuis lors, on n’a plus entendu parler de ce dossier." Il estime que le chef de l’État est en accord avec nombre de ses critiques et conscient de la nécessité de trouver des solutions.
Accusé par le président Tshisekedi dans une interview d’être un propagandiste du Rwanda, Fridolin Ambongo rétorque que ces accusations n’ont plus lieu d’être depuis leur entrevue. Il explique craindre pour la paix dans la sous-région et regretter que les dirigeants de la région parlent de faire la guerre. "C’est ce qu’ils font", dit-il. "La solution, ce n’est pas de préparer la guerre, nous devons préparer la paix."
Concernant la situation dans l’Est du pays, le prélat s’inquiète du manque de contrôle sur des groupes armés. Dans ce contexte volatile, "ce serait une erreur de précipiter le départ de la Monusco", affirme-t-il. Selon lui, les régions de l’Ituri et Nord-Kivu sont dans une telle situation humanitaire qu’il faut que la force de l’ONU retarde son retrait.
Le cardinal regrette aussi le manque d’attention porté par la communauté internationale à la RDC. "Il suffirait d’une vraie volonté pour mettre fin au conflit dans l’Est."