L'équipe de France de para cyclisme sur piste a décidément bien du talent : Alexandre Leauté, Dorian Foulon, Gatien Le Rousseau, Kevin Cunff… À laquelle il faut ajouter Heidi Gaugain, 19 ans, et désormais médaillé d'argent paralympique en poursuite individuelle, catégorie C5. Elle s'est inclinée face à sa compatriote Marie Patouillet, qui récolte au passage une deuxième médaille, celle-ci en or, dans ces Jeux paralympiques après l'argent jeudi.
La jeune mayennaise a la tête et les jambes. Lors de sa première épreuve du programme paralympique, jeudi 29 août, elle s'est sagement économisée, laissant son ainée Marie Patouillet briller sur une distance qu'elle affectionne davantage. Elle s'est servie de sa première course pour prendre ses repères dans le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, car, contrairement à leurs homologues de l'équipe de France, les "Paras" s'entraînent plutôt du côté de Roubaix. Des repères qui ont été plutôt bénéfiques si on en juge ces deux courses de la journée du dimanche 1er septembre.
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Accepter Gérer mes choixElle a d'abord signé le meilleur temps de la journée lors des qualifications, avec 1,5 secondes devant sa coéquipière. Mais la tendance s'est inversée en finale, Heidi Gaugain concédant deux secondes à son aînée.
Dans l'ambiance cycliste depuis l'enfance
Heigi Gaugain est originaire de Mayenne, dans l'ouest de la France. Elle baigne dans le vélo depuis sa plus tendre enfance, son père étant le fondateur du VSGA (Vélo Saint-Georges-Aventure) où elle a décroché ses premières licences. Elle est née avec une agénésie, une malformation congénitale du bras gauche. Ce qui ne l'a jamais perturbé pour pratiquer les sports qu'elles affectionnaient : que ce soit le roller, la natation, la gym avant de suivre les pas du paternel à vélo.
Sans l’usage de l’avant-bras gauche, elle utilise un vélo équipé d’une corne pour positionner sa prothèse. Un accessoire qui lui permet de réaliser toute la palette des mouvements du cycliste : " Se mettre en danseuse, sprinter en tirant au creux du cintre, s’appuyer sur les cocottes de freins, rouler en peloton…", énumère-t-elle auprès du site du conseil général de la Mayenne.
Elle prend vite goût à la petite reine et progresse de manière fulgurante. Pour sa première année de compétition, elle est sacrée double championne de France sur route. L’année suivante, pour ses débuts sur piste, elle finit championne de France du scratch et de l’omnium avant de terminer au pied du podium de ses premiers championnats du monde.
Comme Alexandre Leauté, elle est rapidement invitée à rejoindre le pôle France handisport à Urt dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle y vit depuis 2021, menant de front études supérieures et apprentissage du haut niveau.
La retraite à 19 ans ?
Avec cette médaille paralympique, Heida Gaugain envisage déjà de se retirer des courses "paras". Lassitude précoce ? Envie de se focaliser sur l'extra-sportif ? Pas du tout ! Heidi Gaugain veut se consacrer à son rêve de faire carrière chez les valides.
Elle en a les moyens et a déjà écrit de belles pages d'histoires en tant que para cycliste chez les valides. À 17 ans, encore junior, Heïdi Gaugain a brillé sous le maillot tricolore en réalisant un exploit unique avec deux titres mondiaux à Tel-Aviv chez les valides. La jeune prodige rentrait dans l’histoire en devenant la première sportive atteinte d’une déficience à remporter un titre mondial en cyclisme individuel chez les valides. Ses performances sont telles que l'Équipe la sacre para sportive de l'année 2023, aux côtés d'Alexandre Leauté.
Cette année, aux championnats de France de cyclisme, elle a terminé sur le podium dans la course U23, toujours chez les valides.
Son rêve ? Une médaille olympique à Los Angeles. Mais avant elle espère conclure ses Jeux à domicile avec deux autres podiums sur route : lors du contre-la-montre le 4 septembre et de la course en ligne le 6 septembre.