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JO 2024 - Basket : Brittney Griner, des prisons russes de Poutine à la finale olympique
À 33 ans, la basketteuse américaine Brittney Griner va vivre sa troisième finale olympique. Cette star de Team USA revient pourtant de loin. Il y a seulement deux ans, elle était détenue en Russie pour des accusations de trafic de drogue. Après 11 mois en prison, elle avait fait l'objet d'un échange de prisonniers. Une expérience traumatisante pour cette immense championne.
JO 2024 - Basket : Brittney Griner, des prisons russes de Poutine à la finale olympique

C'est avec un immense sourire que Brittney Griner pose sous les anneaux olympiques, place de la Bastille, avec ses coéquipières de l'équipe féminine de basket. Quelques heures après sa victoire contre l'Australie, la joueuse américaine savoure cette nouvelle qualification pour une finale olympique. Elle affrontera la France, dimanche 11 août, pour espérer décrocher une troisième médaille d'or.

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Il y a deux ans, la pivot de 33 ans ne pensait plus vivre de tels moments alors qu'elle croupissait dans une colonie pénitentiaire russe. 

"Je vais bien. Tout le monde se demande ce que cela me fait de revenir ici après tout ce que j'ai vécu, mais je me sens bien, en sécurité en France, donc j'ai simplement hâte de jouer", avait-elle déclaré avant le début du tournoi olympique, dans la foulée de son premier entraînement au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq, dans la banlieue lilloise, où ont eu lieu les phases de poules du tournoi de basket. 

"J'ai voulu me suicider plus d'une fois"

L'Américaine ne garde pas un bon souvenir de son dernier passage en Europe. En février 2022, la double championne olympique, engagée par l'équipe russe d'Ekaterinbourg pendant l'intersaison américaine, une pratique courante, est arrêtée dans un aéroport de Moscou avec une vapoteuse et du liquide contenant du cannabis, un produit interdit en Russie.

"J'ai voulu me suicider plus d'une fois lors des premières semaines", a-t-elle confié en mai dernier à la chaîne ABC lors de la sortie de son livre "Coming home". "J'avais tellement envie de partir d'ici". Mais la joueuse décide de ne pas attenter à ses jours, craignant que les autorités russes ne remettent jamais son corps à sa famille. 

En août de la même année, elle est condamnée à une peine de neuf ans d'emprisonnement puis, après le rejet de son appel, elle est transférée dans une colonie pénitentiaire dans le centre de la Russie. Elle est finalement libérée en décembre 2022 lors d'un échange de prisonniers avec le marchand d'armes russe Viktor Bout.

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À la chaîne ABC, la championne a également raconté avoir été forcée d'écrire une lettre au président russe, Vladimir Poutine, avant sa libération : "J'ai dû lui demander son pardon et remercier ce soi-disant grand dirigeant. Je ne voulais pas le faire, mais en même temps je voulais rentrer chez moi".

Dix-neuf mois après elle, d'autres citoyens américains ont bénéficié le 1er août d'un échange de prisonniers. Interrogée à ce sujet pendant le tournoi olympique Brittney Griner n'a pas manqué de saluer leur libération. "C’est un grand jour, un grand jour. Je suis extrêmement heureuse pour les familles. Chaque jour où les Américains rentrent chez eux, c’est une victoire, a-t-elle déclaré à la presse. C’était vraiment émouvant quand j’ai appris la nouvelle".

Après cette expérience de 11 mois dans des prisons russes, la vedette américaine du basket a repris sa carrière aux États-Unis au sein de l'équipe Mercury de Phoenix. Mais ce retour a été difficile. Dans un entretien au New York Times, Brittney Griner a confié avoir souffert de stress post-traumatique. "Les gens me disaient que c'était Ok de ne pas être Ok. Mais qu'est-ce que cela voulait dire ? De pleurer quand je voulais pleurer ? D'être en colère quand je voulais être en colère ? Ou est-ce que cela voulait dire qu'il fallait que j'en parle ? Il fallait que je comprenne tout cela".

Depuis, la joueuse a retrouvé ses marques. Elle apparaît désormais apaisée au sein de l'équipe américaine. La basketteuse de 2,06 mètres impressionne toujours autant par sa présence et son charisme. "On la voit sur le parquet comme cette joueuse forte et dominante, mais c'est celle qui a le plus grand cœur", affirme ainsi sa coéquipière Diana Taurasi, taulière de cette équipe remplie de stars.

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Face aux Françaises, Brittney Griner a pour objectif de remporter un troisième titre avec "Team USA", grande favorite du tournoi olympique qui est sa chasse gardée depuis sept éditions. Les Américaines n'ont plus perdu le moindre match aux JO depuis le 5 août 1992 et une demi-finale contre la CEI.

Elle agrémenterait ainsi une carrière déjà riche en titre et accomplissements. Très tôt, la basketteuse est considérée comme un phénomène à la hauteur de sa taille, de sa pointure (elle chausse du 54) et de la longueur de ses mains, plus larges, selon ses dires, que celles de LeBron James. De son double mètre, Griner tire une arme rare dans le basket féminin : le dunk. Elle devient ainsi la première femme de l'histoire de la Coupe du monde à en claquer un, en 2014 face à la Chine.

"Être harcelée parce qu'on est différent"

Mais sa vie dépasse largement la balle orange. Dès 2013, elle révèle son homosexualité lors d'un entretien accordé au magazine Sports Illustrated. Elle explique avoir été harcelée pendant son enfance : "C'est dur. Être harcelée parce qu'on est différent. Le fait d'être plus grande, ma sexualité, tout..."

Un an plus tard, elle publie sa première autobiographie, "In my skin". "Je suppose que j'ai commencé à me sentir différente quand tout le monde a commencé à me dire que je l'étais", y écrit-elle. Au collège, "j'étais plate et mince, ma voix était basse". Les enfants se moquaient d'elle dans les couloirs : "Elle doit être un garçon. Elle n'est pas vraiment une fille."

Figure de la communauté LGBT+, la native de Houston, au Texas, qui a grandi avec deux sœurs et un frère, devient la première égérie gay de Nike, prenant part à des séances photo où elle porte des vêtements pour homme. Elle a d'ailleurs annoncé, début juillet, qu'elle a accueilli un garçon avec sa femme Cherelle, qui a été son principal soutien pendant sa détention en Russie.

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L'athlète est également une figure de la communauté afro-américaine. En 2020, dans le sillage des manifestations historiques contre les violences policières après la mort de George Floyd et de Breonna Taylor, Griner est une des premières basketteuses à demander à la WNBA de ne plus faire jouer l'hymne national avant les matches.

En plus de cette activité hors des parquets, la basketteuse s'est construit un palmarès remarquable en club comme en sélection, avec laquelle elle a remporté les deux dernières Coupes du monde et les deux dernières médailles d'or olympiques. La voilà sur la route d'une troisième.

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À Paris, les Américaines ont éparpillé toutes leurs adversaires avec la meilleure attaque (89,8 pts de moyenne) emmenée par deux des trois meilleures joueuses du monde, les intérieures Breanna Stewart (18 pts de moyenne, 1,6 contre) et A'ja Wilson (18,2 pts, 9,6 rebonds et 2,4 contres)

Même si elles semblent intouchables, Brittney Griner relativise leur domination : "Beaucoup de gens regardent le score et pensent que nous n'avons pas de matches difficiles. Mais nous affrontons toujours des adversaires qui donnent le meilleur d'elles-mêmes. Ce sont à chaque fois des batailles, très physiques. C'est ce genre de matches que nous apprécions le plus". 

Lors des JO-2024, la championne a apprécié ce retour sur le Vieux Continent, même si elle n'envisage plus d'y jouer en club : "C'est sûr que j'y voyagerai avec ma famille à un moment pour des vacances, mais le basket en Europe, c'est fini pour moi. Je veux passer du temps avec ma famille, mon petit garçon, et je ne veux rien rater. C'était le moment de conclure ce chapitre de toute façon, cela ne s'est simplement pas fini comme je le souhaitais."

Avec AFP

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