logo

JO 2024 : les triathlètes malades ravivent le débat sur la qualité de l'eau de la Seine
La Belgique et la Suisse ont fait état de plusieurs triathlètes malades dimanche, notamment en raison de “problèmes gastro-intestinaux”. Des communiqués qui ont ravivé la polémique sur la qualité de l’eau de la Seine – parfois sur fond de désinformation. La mairie de Paris a affirmé lundi qu’“à date, on ne peut faire aucun lien” entre ces maladies et l’eau parisienne pointée du doigt.
JO 2024 : les triathlètes malades ravivent le débat sur la qualité de l'eau de la Seine

Depuis le début des JO Paris 2024, la Seine charrie les triathlètes… et la polémique sur la qualité de son eau qui va avec. Les questions à ce sujet n’ont fait que redoubler d’intensité, dimanche 4 août, quand le Comité olympique et interfédéral belge (COIB) a annoncé dans un communiqué que les “Belgian Hammers” déclaraient forfait pour le triathlon mixte organisé le lendemain en raison d’une athlète “malade”.

“Claire Michel, membre du relais, est malheureusement malade et doit se retirer de la compétition”, ont indiqué le COIB et Belgian Triathlon, qui ont ajouté “espérer que les leçons seront tirées pour les prochaines compétitions de triathlon aux Jeux olympiques”.

Dans la foulée, le journal flamand De Standaard publie l'information - reprise par de nombreux médias et supprimée depuis sur le site du média belge, selon Libération – selon laquelle la triathlète belge serait hospitalisée depuis l’épreuve féminine individuelle dans la Seine, le 31 juillet, en raison d'une infection à la bactérie Escherichia coli (E.coli).

Cette affirmation a été démentie dès lundi par le COIB, qui a précisé que Claire Michel “n'a pas été hospitalisée” mais “emmenée à la polyclinique du village olympique plus tôt dans la journée (de dimanche) pour y être soignée. Entre-temps, elle est retournée dans sa chambre."

“On ne peut faire aucun lien”

Le Comité national olympique suisse a, lui aussi, annoncé dimanche le forfait de deux de ses triathlètes – sans pour autant déclarer forfait au relais mixte de lundi. “Simon Westermann, qui n’aura pas testé la Seine, doit renoncer à sa participation en raison d’une infection gastro-intestinale” a écrit Swiss Olympic. “Le Zurichois de 26 ans avait été nominé (samedi) pour remplacer Adrien Briffod, qui souffrait lui aussi de problèmes gastro-intestinaux.”

La cheffe d’équipe du triathlon suisse à Paris, Tamara Mathis, a estimé que “deux forfaits en quelques jours, c’est vraiment inhabituel et malheureux”.

Mais la nation helvète a rapidement écarté toute contamination à cause de la qualité de l’eau de la Seine. Le président de la Fédération suisse de triathlon, Pascal Salamin, a "écart[é] la piste de la pollution aux bactéries" au micro de France Télévisions. "Adrien Briffod s'est senti mal pendant la course (le temps d’incubation de la bactérie E.coli est de trois à quatre jours selon l’Institut Pasteur, NDLR), Simon Westermann était remplaçant et n'a pas nagé dans la Seine."

Par ailleurs, la mairie de Paris a nié tout lien de cause à effet entre la maladie de ces triathlètes et la qualité de l’eau de la Seine. "À date, on ne peut faire aucun lien" entre les deux, a affirmé lundi sur Franceinfo Pierre Rabadan. L’adjoint à la maire de Paris en charge du Sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine a aussi expliqué qu’”au Village (olympique), d'autres athlètes sont malades et n'ont pas nagé dans la Seine".

Pierre Rabadan a aussi dénoncé les "fausses informations" qui ont circulé à ce sujet, notamment sur la triathlète belge. "La compétition était il y a quatre jours, donc il peut se passer plein de choses (concernant la contamination des triathlètes, NDLR)", a-t-il affirmé, assurant que "rien ne permet de dire qu'il y a un lien avec la qualité de l'eau" de la Seine.

Une fausse Une de Libé enfonce le clou

Une autre fausse information largement relayée sur les réseaux sociaux a aussi circulé ces derniers jours – au point de même induire en erreur une députée de La France insoumise. Une prétendue Une du journal Libération met en scène le triathlète canadien Tyler Mislawchuk en train de vomir après la ligne d’arrivée sur le logo “Paris 2024”, avec un texte accompagnant l’illustration : “Tyler Mislawchuk 'J'ai vomi 10 fois' ; 24 autres athlètes ont eu besoin de soins médicaux après avoir nagé dans la Seine”.

La photo, prise par le photojournaliste Nick Iwanyshyn le jour du triathlon masculin le 31 juillet, est bien réelle. Pareil pour le propos du triathlète canadien, qui a bien affirmé “avoir vomi dix fois”... mais il n’a pas établi de lien entre ces vomissements et l’eau de la Seine, déclarant notamment : "Il se trouve que j’ai avalé beaucoup d’eau pendant l’épreuve, mais ça n’a rien à voir avec la qualité. C’est simplement que mon estomac était rempli".

Enfin, il n’existe aucune trace officielle de 24 athlètes qui auraient eu besoin de soins médicaux après avoir nagé dans le fleuve parisien. Entre autres hypothèses, ce photomontage pourrait être le fruit d’une propagande russe, qui a déjà cloné des médias français à leur insu ces derniers mois.

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Résultats fluctuants pour l’analyse de la Seine

Même si un lien de causalité entre les triathlètes malades et la qualité de l’eau de la Seine ne peut pas être établi au moment de l’écriture de cet article, les résultats concernant l’analyse du fleuve parisien n’en restent pas moins fluctuants. La Seine était encore trop polluée à un mois des JO, fin juin, et cinq entraînements – quatre de triathlon et un de nage en eau libre, qui devait avoir lieu ce mardi 6 août – ont dû être annulés depuis le début des Olympiades à Paris.

Deux bactéries présentes dans les matières fécales sont surveillées de près pour savoir si la Seine est baignable pour la tenue des épreuves de triathlon, de natation marathon et de paratriathlon : Escherichia coli (E.coli) et les entérocoques. Les taux réglementaires de ces bactéries ont été dépassés à de multiples reprises, notamment lors du relais mixte lundi.

Mais le Comité d'organisation des JO de Paris (Cojo) a alors indiqué avoir informé les triathlètes avant l’épreuve des analyses de l'eau de la Seine, y compris du dépassement des taux réglementaires sur un des quatre points de test. "Ces résultats ont été présentés aux athlètes et il n'y a pas eu d'objection pour nager" de leur part, a précisé lors d'un point-presse la porte-parole du Cojo, Anne Descamps.

Les autorités françaises et les organisateurs ont fait de l'assainissement du fleuve, un argument politique fort – le président Emmanuel Macron avait notamment déclaré sur X, le 31 juillet : "Nous avons réussi en 4 ans l’impossible depuis 100 ans : la Seine est baignable". L'État et les collectivités franciliennes ont investi 1,4 milliard d'euros au total pour rendre baignables le fleuve et son principal affluent, la Marne, en vue des JO et pour le grand public ensuite.

Les épreuves de natation en eau libre doivent encore se tenir dans la Seine le 8 et le 9 août.

Avec AFP

JO 2024 : les triathlètes malades ravivent le débat sur la qualité de l'eau de la Seine